Professeur de civilisation allemande à l’Université de Lyon puis à celle d’Aix-Marseille, Jacques Grandjonc (1933-2000) explora en archiviste, historien, démographe et philologue l’émigration allemande au XIXe siècle. Il présenta dans le Dictionnaire de Maitron et, surtout, dans Marx et les communistes allemands à Paris la vie de ces proscrits qui, entre la Ruhr, Bruxelles, Paris et Londres, mangèrent le « pain amer de l’exil ». Il dirigea également des travaux sur l’internement d’Allemands et d’Autrichiens avant et pendant la Seconde Guerre mondiale (Zone d’ombres, 1933-1944). Au début des années 1990, il fut, avec l’aide de l’Institut d’histoire sociale d’Amsterdam et de la Maison Karl-Marx de Trèves, le principal artisan de la reprise, sous de nouveaux critères — non politiques —, de l’édition des œuvres complètes de Marx et d’Engels (MEGA). Dans cet entretien édité en 1993, Jacques Grandjonc retrace les enjeux historiques et politiques qui ont traversé l’histoire des éditions complètes de Marx et Engels.