Archives de catégorie : Bibliothèque [FR]

Maurice Dommanget, L’Introduction du marxisme en France, 1969

En 1969, il existe encore assez peu de contributions francophones sur ce sujet: la manière dont effectivement Marx a été lu et a été présent dans le mouvement ouvrier en France. Et aujourd’hui encore. Une des premières contributions sur la pénétration du marxisme en France date de 1947, elle est d’Alexandre Zévaès. On trouve aussi quelques indications dans l’Histoire du socialisme européen d’Elie Halévy (quelques chapitres) en 1948, et dans la Tragédie du marxisme de Michel Collinet (quelques passages), aussi de 1948 ou encore dans Karl Marx et la Commune de Jean Bruhat, (in Cahiers du Bolchevisme, 1933) et enfin Karl Marx et le mouvement ouvrier français après la Commune d’André Ferrat, (in Cahiers du Bolchevisme, 1933). Par la suite, les différentes évolutions qu’ont pu connaître le marxisme ne s’interrrogent plus spécifiquement sur la manière dont Marx a effectivement imprégné ou non les milieux ouvriers. Cette étude de Maurice Dommanget, aussi courte soit-elle, nous permet de dresser un triste constat: Marx allait rester longtemps inconnu en France dans les milieux ouvriers.

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Ouvrages sur le contexte historique des œuvres de Marx et d’Engels

Divers ouvrages peuvent se révéler pratiques pour resituer Marx et Engels dans le contexte historique et politique de leur époque. Il ne s’agit pas de réduire ce qu’ils ont écrit, comme cela est parfois fait, à une intervention complètement déterminée par leur contexte historique, mais bien de donner des clés de compréhension historiques, autant de leur production, que de cette époque décisive qu’a pu être la naissance du monde moderne capitaliste.

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Sur la traduction en français du Capital

Le Capital Livre I Tome 1 - Poche - Karl Marx, Joseph Roy - Achat Livre ou ebook | fnac

La traduction de Joseph Roy/Karl Marx, absolument à éviter…

La traduction en France du Capital a connu une histoire assez singulière. Marx lui-même a relu cette traduction, disposant de connaissances suffisantes en français, il a pu rectifier les contresens les plus manifestes que Joseph Roy avait fait. Pourtant, tout aussi bon connaisseur du français qu’il ait pu être, la traduction est une discipline littéraire qui entre temps s’est affinée, et améliorée, si bien qu’il a été rapidement évident que, d’un point de vue traductologique, cette traduction souffrait de profondes insuffisances. Elle est cependant encore largement utilisée et répandue comme édition de référence. De nombreux auteurs l’ont pris comme référence, comme Guy Debord, les invitant à des lectures de Marx s’éloignant considérablement de l’intention initiale, qu’il est possible de voir résumée dans le sous-titre: critique de l’économie politique.

 

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Carlo Cafiero: Abrégé du Capital de Marx, 1878

Abrégé du capital de Karl Marx - broché - Carlo Cafiero - Achat Livre | fnacEn 1871, étant retourné en Italie, Carlo Cafiero devient membre de la Section internationale de Naples et est chargé de la correspondance avec le Conseil général de Londres, et commence un échange régulier de lettres avec Friedrich Engels, alors secrétaire du Conseil général pour l’Italie et l’Espagne. Il prend le parti de Bakounine dans les conflits internes de l’AIT. Suite à l’organisation d’un mouvement insurrectionnel en Italie en 1877, il est envoyé en prison avec ses camarades. C’est là, pendant l’hiver 1877-1878, qu’il entreprend la rédaction d’une version abrégée du Capital pour ses camarades en Italie, alors que personne ne l’a encore lu, le texte n’étant pas traduit en italien.

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Pourquoi revenir à Marx?, extrait de Critique de l’économie politique, Une introduction, Michael Heinrich

Pourquoi revenir à Marx? Michael Heinrich

La contestation sociale renaît. Les mouvements contestataires apparus lors des dernières décennies sont très diversifiés et sont, pour la plupart, critiques de la mondialisation. Les échanges lors du contre sommet de Seattle en 1999 ou encore de celui du G8 à Gênes en 2001 sont d’ores et déjà devenus les symboles du renouveau de la résistance contre le capitalisme. Cependant, c’est à présent aussi au-delà du cercle traditionnel de la gauche que les conséquences destructrices d’un capitalisme « débridé » sont discutées.

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Salaire, Prix et Profit, présentation – résumé

Salaire, prix et profit - Karl Marx - BabelioSalaire, Prix et Profit, c’est un petit bouquin d’à peine 70 pages qui ne paie pas de mine. Et pourtant, c’est dans les grandes lignes de cet essai que Marx esquisse sa théorie de la valeur : toute la valeur vient du travail. Toute ? Toute ; pas un kopeck ne lui échappe. Certes, mais à quoi ça sert ? A démontrer que le salariat, qui ne rémunère que partiellement le travail, ne se distingue du servage et de l’esclavage que par sa forme historique. Comme mode d’exploitation, il est impossible pour un socialiste de prétendre l’améliorer : la seule alternative est son abolition.

On frétille d’avance de savoir comment Marx parvient en quelques pages à vaincre les démons réformistes et les trade-unions à courte-vue. Ce n’est pourtant pas si compliqué…

Du site de l’Union pour le Communisme

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Notes critiques sur Friedrich List, 1845, Karl Marx

Ce texte écrit en 1845 n’a pas paru du vivant de Karl Marx. Le manuscrit même en est incomplet, et les éléments qui subsistent n’ont été publiés pour la première fois qu’en 1971. Il s’agit d’une critique du livre de Friedrich List Système national d’économie politique, publié en 18411. Nous publions des extraits de ces notes de Marx2 :

« Les choses les plus utiles, tel le savoir, n’ont pas de valeur d’échange. M. List aurait donc dû comprendre que la transformation des biens matériels en valeurs d’échange est l’œuvre de l’ordre social existant, la société de la propriété privée développée. L’abolition de la valeur d’échange est l’abolition de la propriété privée et du gain privé. En revanche, M. List est assez naïf pour concéder qu’avec la théorie des valeurs d’échange on peut « établir les concepts de valeur et de capital, profit, salaire, rente foncière, les décomposer en leurs éléments et spéculer sur ce qui pourrait influer sur leur hausse et leur baisse, etc., sans pour autant tenir compte des conditions politiques des nations ».

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Qu’est-ce que le capitalisme ?, extrait de Critique de l’économie politique, une introduction, Michael Heinrich

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Extrait de Critique de l’économie politique, une introduction, Michael Heinrich

Traduit par I.J.

Les sociétés contemporaines sont traversées par de nombreux rapports de domination et d’oppression qui prennent différentes formes. On trouve des rapports de genre asymétriques, des discriminations racistes, d’énormes différences en termes de propriété avec une influence sociale correspondante, des stéréotypes antisémites, la discrimination de certaines orientations sexuelles. Quant à déterminer la manière dont ces rapports de domination s’articulent les uns aux autres et en particulier si l’un d’eux est plus fondamental que les autres, cela a fait l’objet de nombreux débats. Si par la suite les rapports de domination et d’exploitation d’origine économique seront au premier plan, ce n’est pas parce qu’ils seraient les seuls « valides ». Par ailleurs, on ne peut pas parler de tous en même temps. Dans la critique de l’économie politique de Marx, il s’agit en premier lieu des structures de la société capitaliste, c’est pourquoi elles sont au centre de cette Introduction. Pourtant, il ne faudrait pas s’abandonner à l’illusion qu’avec une analyse des fondements du mode de production capitaliste tout soit déjà dit au sujet des sociétés capitalistes.

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Karl Marx et la naissance de la société moderne. Entretien avec Michael Heinrich, 2018/2019

Interview with Michael Heinrich | Historical MaterialismEntretien de Michael Heinrich en 20181, publié sur Contretemps lors de la publication en allemand du premier volume de la biographie de référence qu’il consacre à Marx: Karl Marx et la naissance de la société moderne. La traduction de ce premier volume est paru en 2019 aux Éditions sociales2.

Dans cet entretien, Michael Heinrich explique les raisons qui l’ont amené à entreprendre l’écriture d’une nouvelle biographie sur Karl Marx, notamment les limites des biographies existantes. Il expose ses méthodes de travail et de recherche historiques et philologiques. Et il revient surtout sur quelques uns des apports du livre – la conversion du jeune Marx à la philosophie de Hegel, son rapport aux jeunes hégéliens, sa lecture des philosophes antiques, etc. –, ainsi que sur les nouvelles hypothèses de lecture de l’œuvre de Marx qu’il ouvre.

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David Ricardo, Karl Marx et l’antagonisme nécessaire des intérêts de classe, Mathieu-Joffre Lainé [THESE]

Résultat de recherche d'images pour "david ricardo"David Ricardo, Karl Marx et l’antagonisme nécessaire des intérêts de classe, Mathieu-Joffre Lainé, 2017

La théorie de la valeur-travail élaborée par l’économiste anglais David Ricardo (1772-1823) a rapidement été mise à profit par les théoriciens socialistes afin de démontrer l’iniquité du salariat et pour donner une base à un système socialiste de production et d’échange ; Karl Marx (1818-1883) l’a subséquemment développée à titre d’explication de l’ensemble du processus de la production capitaliste, il en a fait le principe de la lutte des classes. Rédigée dans une perspective contextualiste, cette thèse vise donc à démontrer minutieusement, par la théorie et par l’histoire à la fois, que Marx emploie intentionnellement la théorie économique ricardienne dans le Capital afin de convaincre son premier public, principalement composé des membres de l’école historique d’économie politique allemande (« Historische Schule der Nationalökonomie »), de l’antagonisme nécessaire des intérêts de classes.

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Organisation et spontanéité, Paul Mattick, 1949

Organisation et spontanéitéCe texte de Paul Mattick a été publié la première fois en 1949 (dans la revue Left, n°152) mais il aborde des questions qui suscitent bien des interrogations encore aujourd’hui…

« La question de l’organisation et de la spontanéité a toujours été posée au sein du mouvement ouvrier comme un problème de conscience de classe, lié aux rapports de la minorité des révolutionnaires avec la grande masse d’un prolétariat imbu d’idéologie capitaliste. Tout portait à croire, disait-on, que la conscience révolutionnaire fût le propre seulement d’une minorité, laquelle, en s’organisant, l’entretiendrait et la traduirait en actes. Quant aux masses ouvrières, ce n’est que contraintes et forcées qu’elles passeraient à l’action révolutionnaire.« 

Paul Mattick tente ici de contredire ces croyances…

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Crise et théorie des crises, Paul Mattick

 

Paul Mattick

Crises et théories des crises

Titre original :
Krisen und Krisentheorien
Traduit de 1’allemand avec le concours de Serge Bricianer

Paul Mattick, 1974. Fischer Verlag, Francfort/M., 1974, pour 1’édition allemande.
Editions Champ Libre, Paris, 1976, pour la traduction française.

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L’expansion progressive de l’économie bourgeoise fut d’emblée marquée par de brusques
à-coups. II y avait des hauts et des bas : on leur chercha une explication. La production
sociale étant encore très largement à base agricole, il était possible d’établir une relation
de cause à effet entre les caprices de la nature et la misère économique. On imputait la
pénurie générale à de mauvaises récoltes. Qui plus est, le rendement du travail agricole
restait faible, alors que la population allait croissant ; d’où la crainte de voir le
développement du système capitaliste se heurter à des limites naturelles, avec pour
conséquence inéluctable la stagnation de la société. L’économie politique bourgeoise se
caractérisa d’abord par un profond pessimisme, qui ne fut surmonté qu’avec le
développement accéléré du capital.

Jacques Gouverneur, Les fondements de l’économie capitaliste

Résultat de recherche d'images pour "fondements de l'économie capitaliste gouverneur"Jacques Gouverneur, Les fondements de l’économie capitaliste

Le livre constitue une introduction à l’analyse économique marxiste du système capitaliste. Les six premiers chapitres étudient la structure de l’économie dans une perspective essentiellement statique. Les trois derniers chapitres adoptent un point de vue essentiellement dynamique et analysent divers aspects de la croissance.

Le livre développe au maximum les qualités de rigueur et de simplicité. Rigueur, pour réagir contre la confusion qui plane trop souvent sur les notions théoriques les plus élémentaires. Simplicité, pour rendre la matière accessible à toute personne réceptive, même sans aucune connaissance préalable sur les sujets abordés.

Chaque chapitre est complété d’une série de supports pédagogiques : a) un résumé de l’argumentation ; b) une liste des concepts nouveaux à assimiler (tous les concepts sont repris et définis dans le lexique en fin de livre) ; c) une gamme d’exercices « théoriques » et « pratiques » : les premiers permettent de vérifier la compréhension de la matière, les seconds permettent de faire le lien entre la théorie et les réalités concrètes accessibles au lecteur, quels que soient le moment et le lieu où celui-ci se situe (à la fin du livre se trouvent les pistes utiles pour répondre à la plupart des questions).

Le livre montre clairement la pertinence de la théorie économique marxiste pour analyser et comprendre un grand nombre de réalités socio-économiques contemporaines. En outre, tous les exercices « pratiques » (« applications ») invitent le lecteur à faire par lui-même le lien entre théorie et réalité.

Toutes les discussions purement théoriques ont été reléguées aux annexes. Les problèmes qui y sont examinés sont simplement mentionnés en notes infrapaginales dans le texte (avec les références voulues aux annexes correspondantes).

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Alain Bihr, La préhistoire du capital. Le devenir-monde du capitalisme. (2006)

Alain Bihr, La préhistoire du capital. Le devenir-monde du capitalisme. (2006)

« Selon une légende tenace, inventée et mise en forme par le libéralisme dès le XVIIIe siècle, le capitalisme serait né de la seule extension des rapports marchands et monétaires, tenus eux-mêmes comme le prolongement de «l’économie naturelle». Légende colportée, sciemment ou à leur insu, par des générations d’économistes, d’historiens et de sociologues.

Alain Bihr sape cette légende, en revenant sur le long et tortueux cheminement à travers lequel s’est formé le capital, ce rapport de production si singulier qui donne naissance au capitalisme. En prenant appui sur l’esquisse par Marx d’une triple lignée historique – distinguant les sociétés «asiatiques», les sociétés antiques méditerranéennes et les sociétés européennes médiévales – l’auteur cherche à comprendre pourquoi ce n’est qu’au sein du féodalisme, européen mais aussi japonais, que ce rapport de production a pu voir le jour et entamer son développement, jusqu’à se mettre en état de partir à la conquête du restant du monde. Cela conduit Alain Bihr à souligner la part décisive qu’y ont pris les processus politiques, au premier rang desquels figurent évidemment les luttes de classes, mais aussi l’édification des embryons d’Etats modernes. »

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Le fétichisme de la marchandise, par Fredy Perlman Introduction à « Essais sur la théorie de la valeur de Marx d’ISAAC ROUBINE

Le fétichisme de la marchandise, par Fredy Perlman

 

 

Introduction à « Essais sur la théorie de la valeur de Marx d’ISAAC ROUBINE

 

« Selon les économistes dont les théories prédominent actuellement aux Etats-Unis, la science économique* s’est substituée à l’économie politique, et cette Economie traite de la pénurie, des prix et de la répartition des ressources. Comme le définit Paul Samuelson, « l’Economie – ou l’économie politique comme on la dénommait auparavant… étudie la manière dont les hommes et les sociétés décident, avec ou sans l’usage de l’argent, d’employer des ressources productives limitées, qui pourraient trouver d’autres utilisations, pour consacrer un certain temps à élaborer diverses marchandises et à les distribuer afin qu’elles soient consommées, immédiatement ou dans l’avenir, par différentes personnes et groupes de la société. »

 

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Le rêve du révolutionnaire professionnel bolchévisé (Mattick, 1925)

Le rêve du révolutionnaire professionnel bolchévisé (Mattick, 1925)

Un des premiers textes de Paul Mattick, une nouvelle parue dans Die Aktion du 28 août 1925. Traduction inédite en français par I. J. pour la Bataille socialiste.

« Johann Bremser avait 35 ans. Il nourrissait sa propriété privée ayant le droit de vote, et qui s’appelait Mathilde, et ses deux enfants. Mathilde était maigre et sombre comme les figures des petits révolutionnaires de bois que l’on voyait au café. Les enfants remplissaient leur attendrissant devoir de révolutionner de l’intérieur la plus grande école pour filles en construisant des cellules. Leur poitrine était ornée de l’ordinaire étoile artistique soviétique gravée : « Nous nous laissons bolchéviser ! ». Johann Bremser était fait du bois que Ruth Fischer coupe pour trouver le juste milieu entre l’ultragauche et l’ultradroite. Intelligent sans être un intellectuel, il avait tous les atouts permettant de résoudre le problème « Masse et dirigeant »… »

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