Le projet porté par le collectif d’édition Smolny se propose de réunir, en conservant un ordre qui soit cohérent avec le contenu même des articles, les articles de Maximilien Rubel et de Louis Janover qui devaient composer le Lexique de Marx, projet qui ne fut jamais complètement finalisé. À double titre : que se soit du fait que les articles « publiés » n’étaient pas considérés comme dans leur forme définitive, ou parce que d’autres encore sont restés complètement inédits. En effet, l’avertissement qui est reproduit au début du premier volume, affirme d’ailleurs que les articles tels qu’ils sont publiés dans les Études, ne sont que la matière qu’il faudra condenser pour arriver à la forme finale des entrées du Lexique, à paraître au Seuil… et qui ne vit donc jamais le jour. En fait, ces articles publiés sont très construits et, si ils ont parus dans les Études, on peut raisonnablement penser que les auteurs estimaient que sous cette forme ils étaient proches de l’objectif annoncé. Grâce à Louis Janover ce Lexique pourra être complété par les textes inédits qui ne sont pas parus dans les Etudes.
Avec ce projet, les éditions Smolny viennent combler un vide dans les travaux de synthèse de qualité sur la pensée de Marx. Si nous trouvons certes le fameux Dictionnaire critique du marxisme, son nom l’indique, il est bien plus souvent question dans ses entrées du marxisme que de Marx lui-même, c’est-à-dire de la postérité des usages de Marx, souvent remarquablement teintées d’un léninisme certain. Dans la collection de Jean Zarader, il existe bien un Dictionnaire Marx dont la qualité est indéniable. Mais comment rivaliser avec la plume et la connaissance fine de Maximilien Rubel et celle de Louis Janover, si longtemps au corps à corps avec le texte de Marx pour la collection Pléiade des éditions Gallimard, et surtout avec l’intransigeance d’une lecture « éthique » de son oeuvre, à rebours de, ou plutôt en opposition frontale et directe aux doctrines des partis se revendiquant de Marx.
On retrouvera tout du long de ces entrées, les éléments in extenso qui fondent les thèses de Rubel, ces éléments qu’il n’a pas la place d’étayer parfois dans ses autres ouvrages: quelque part, nous nous trouvons aux sources de sa pensée, au filet complexe qu’il a construit à partir du corpus marxien. L’exercice de synthèse auquel se livrent les auteurs est caractéristique d’une lecture très serrée du texte, incluant avec elle les éléments biographiques indispensables à une compréhension de « l’homme et de l’oeuvre », comme on dit. Un genre de lecture encore trop rare. Cette ouverture par les entrées « Etat / Anarchisme » marque un début fracassant pour un projet-fleuve, qui nous l’espérons, ne manquera pas de fournir une base nouvelle aux nombreux débats cristallisant des frictions politiques centenaires sur ces deux concepts-bombes. Voici le descriptif des entrées publiées, en attendant de découvrir les inédits:
Les entrées publiées:
n° 19, pp. 7-9 Avertissement
n° 19, pp. 11-56 État
n° 19, pp. 57-161 Anarchisme
n° 21, pp. 815-828 Armée
n° 21, pp. 828-835 Bonapartisme
n° 21, pp. 835-862 Guerre
n° 23, pp. 15-55 Révolution – I
n° 25, pp. 55-95 Révolution – II