Pour commencer avec Marx – Les textes de Marx sur la critique de l’économie

Compliqué de s’y retrouver dans tous les manuscrits de Marx, entre ceux publiés ou non, ceux qui ont été retravaillés, le rapport entre les différentes versions, etc. C’est pourquoi nous mettons en ligne une série de courtes présentations de textes introduisant les principaux textes sur la critique de l’économie de Marx. D’après Michael Heinrich, Die Marxschen Texte zur Ökonomiekritik, unveröffentlichtes Seminarmaterial, Berlin 2000, à retrouver en allemand ici.

De son vivant, Marx n’a publié que le premier livre du Capital, il n’a pas terminé les deux autres, et ils furent édités par Friedrich Engels après la mort de Marx sur la base de ses manuscrits. Puisque le Capital est un fragment, de nombreux textes sont utilisés dont la plupart n’étaient pas publiés ni finis. Puisque Marx a eu une évolution particulière, qu’il a révisé ou changé certaines de ses conceptions, il est nécessaire de mettre en perspective tous ses écrits par rapport à la phase dans laquelle ils ont été produits. L’aperçu suivant sur les textes les plus importants touchant à la critique de l’économie se propose de donner les premiers éléments pour pouvoir s’orienter.

Manuscrits économico-philosophiques (dits Manuscrits de 1844 ou de Paris), 1844 ( MEW 40; MEGA I.Abt., Bd.2). Non publiés, non terminés, et auxquels Marx n’a pas donné de titre, ont été publiés pour la première fois en 1932. Marx s’y trouve fortement sous l’influence de la philosophie de « l’essence humaine » de Feuerbach, avec laquelle ce dernier critiquait la philosophie et la religion. Marx applique cette critique à l’économie : dans le capitalisme, les hommes sont « aliénés » (entfremdet) de leur véritable essence humaine, le communisme est l’abolition (Aufhebung) de cette aliénation. Marx critique ce qu’on appelle l’économie nationale en ce qu’elle considère cet état d’aliénation comme étant naturel, elle n’est par conséquent une science qu’au sein de cette aliénation.

Pour aller plus loin : écouter cette conférence (2h) qui permet de saisir la portée et la puissance du geste philosophique de Marx dans ces manuscrits.

Thèses sur Feuerbach (1845), L’idéologie allemande (1845/46) (MEW 3). Manuscrits non publiés du vivant de Marx, les Thèses sur Feuerbach seront publiés en 1888 et l’Idéologie allemande en 1932. Dans les deux textes, la philosophie (de Feuerbach) de l’essence humaine est critiquée, « l’essence » et « l’aliénation » sont pris pour des constructions philosophiques, et en tant que telles, rejetées. A leur place, ce sont les rapports économiques réels, forces productives et rapports de production, qui doivent être analysés. Quant à savoir si avec ce manuscrit il y a lieu une rupture avec la philosophie de l’essence, ou si Marx a par la suite encore une représentation bien précise de l’essence humaine et de l’aliénation, cela fait l’objet de vives discussions.