Introduction à Marx
La formation de la pensée économique de Karl Marx, Mandel Ernest, 1970
Tableau historique des œuvres de ME :
Umrisse (Esquisse d’une Critique de l’économie politique), rédigé fin 1843 par Engels
Lettre de septembre 1843 à Ruge, apparaît son dernier refus du communisme (MEGA, I, 1, 1, p. 574)
Critique de la philosophie du droit de Hegel en fin 1843 début 1844
—–
Les Manuscrits de 1844 (printemps et été) (Zur Kritik, 1er Manuscrit)
—– (Du refus à l’acceptation de la théorie de la valeur-travail) 44-47
La Sainte Famille, Fin août 1844 : rencontre avec Engels.
L’IA, fin 1845- début 1846 (fini à Bruxelles)
La Situation des classes laborieuses, 1845
—–(Une première analyse d’ensemble du mode de production capitaliste) (46-48)
Misère de la philosophie, 1846-1847
Travail salarié et capital : Série d’articles parus dans la Neue Rheinische Zeitung en 1849 qui sont la reproduction de conférences que Marx avait tenues en 1847 devant l’association ouvrière de Bruxelles.
Arbeitslohn, 1847
Grundsätze des Kommunismus : Ecrit pas Engels entre le 13 et 27 otobre 1847 pour la section parisienne de l’Association des Justes.
Manifeste Communiste, novembre 1847.
—– 1848 Le problème des crises périodiques
1852-1856 : Marx doit renoncer à ses études économiques.
Grundrisse : Septembre 1857, début rédaction jusqu’en 58
Zur Kritik der politischen Ökonomie, 58-59
Theorien über den Mehrwert, 62-63
Le Capital, 1867, préface à la première édition
Préface à l’édition française : 18.03.1872
Postface à la deuxième édition, 1873
1875 : Avis au lecteur, Edition française
1875 : Critique du programme de Gotha
Avertissement à la troisième édition allde, par Engels, 1883
Préface à l’édition anglaise, Engels, 1886
Note sur la troisième édition allde, Engels, 1890
Préface de 1892 à la « Situation de la classe laborieuse en Angleterre »
1842-1844
En 1842, s’ils divergent, Engels de son côté concluant deux articles sur la prédiction de deux révolutions, l’une bourgeoise en Prusse et l’autre, sociale en Angleterre, et Marx, rejetant encore le communisme, les deux abordent le socialisme scientifique déjà par le même biais :
-critique de la conception néo-hégélienne de l’Etat
-découverte de l’existence des classes sociales
-analyse des effets inhumains de la concurrence et de la propriété privée
Trajectoire pensée similaire, un mouvement critique allant de :
Religion > philosophie > Etat > société > politique > économie politique > propriété privée
L’aspect théorique dominera chez Marx pour aboutir sur la Critique de la philosophie du droit de Hegel en fin 1843 début 1844. Alors que pour Engels, c’est l’aspect pratique qui dominera, la critique de la société bourgeoise anglaise.
Où se trouve l’origine de la théorie de la plus-value ?
Marx considère, comme Hegel, que l’Etat devrait être « la réalisation de la liberté ». Mais il remarque déjà dans ses articles sur le vol de bois, que l’Etat qui devrait être l’incarnation de l’intérêt général semble agir dans le seul intérêt de la propriété privée « et pour ce faire, viole non seulement la logique du droit mais encore des principes humains évidents » (MEGA, I, 1, 1, pp. 281-2). C’est dans une disposition pénale qu’il pressent sa théorie future de la plus-value : cette disposition attribue au propriétaire le travail du voleur pour compenser ses pertes : travail non rétribué est source des pourcentages, cad, de l’intérêt, cad, du profit (Ibid, 289-297).
Entre 1842 et 1844, le début de ses études d’économie politique à Paris, il fera le bilan de deux mouvements, la philosophie hégélienne et le socialisme utopique. Il tentera d’opérer un dépassement, au sens dialectique : tout ce qui est valable dans les positions passées reste conservé dans les positions nouvelles.
La question sociale : Découverte que « l’état du travail immédiat », cad, que la masse de ceux qui ne possèdent rien, constitue la précondition pour l’existence de la société bourgeoise (ibid, p.498). Oppose à cette pauvreté artificielle la jouissance en tant que but véritable de l’humanité Ceci constitue le conflit de l’Etat politique avec lui-même, d’où l’on peut partout déduire la vérité sociale » (Lettre à Ruge, ibid, p. 574). Dans la critique de la théorie et pratique du droit : propriété privée est « source de toute injustice », pourtant toujours pas « communiste ». Dans cette lettre de septembre 1843 à Ruge, apparaît son dernier refus du communisme. Mars 1844 : première profession de foi communiste. On peut, comme le fait Auguste Cornu (K. Marx und Friedrich Engels, tome II) mettre l’accent dans cette évolution sur le milieu socio-historique de Marx ou encore, comme Thier (Das Menschenbild des jungen Marx) sur l’influence de Moses Hess. L’auteur identifie plutôt le premier facteur comme étant déterminant : étude de la Révolution française, climat global de la société française sous Louis-Philippe, effervescence des idées progressistes, activités des sectes socialistes, premier contact avec la classe ouvrière.
Premier article sur la question juive : se propose d’examiner rapports entre émancipation politique et émancipation humaine. Conclusion de sa critique des théories politiques constitutionnelles. Joint alors l’argent à la propriété privée comme source de l’aliénation humaine (MEGA, I, 1, 1, pp.583-4, 603). Découvre aussi le prolétaire comme incarnation de l’humanité aliénée. Dans L’Introduction à la Critique de la philosophie du Droit, ce prolétariat sera l’auteur de son autoémancipation, et de celle de l’humanité. « La théorie devient elle-même une force matérielle lorsqu’elle se saisit des masses » (Introduction, Il est évident que l’arme de la critique ne saurait remplacer la critique des armes ; la force matérielle ne peut être abattue que par la force matérielle ; mais la théorie se change, elle aussi, en force matérielle, dès qu’elle pénètre les masses.).
L’autoémancipation des masses par la révolution du prolétariat reste encore imprégnée d’un certain humanisme sentimental hérité de Feuerbach, dont l’homme est abstrait conçu en dehors des conditions sociales concrètes. Suivant Feuerbach donc, pour Marx, si le prolétariat est le cœur de l’émancipation, la philosophie en est la tête, il ne le saisit pas encore comme fondement lui-même de sa capacité émancipatrice. Encore un communisme essentiellement philosophique, où il n’est pas encore saisi qu’un certain degré de développement des forces productives et de la réalisation de certaines conditions matérielles sont indispensables à la réalisation du communisme.
Engels dans son article fin 1843, début 1844, dans la revue The New Moral World de Owen, nécessité d’une révolution du système social : Anglais par la pratique, Français, politiquement, Allemands, en raisonnant sur les principes premiers.
Les deux de manière presque simultanée ont formulé que la suppression de la propriété privée était la base de la révolution sociale prolétarienne (articles dans le New Moral World, et de l’autre, Dans l’introduction à la Critique de la philosophie du Droit de Hegel).
En quoi consistent les Umrisse ?
-Esquisse d’une critique de l’économie politique (1843-44), (Umrisse) première œuvre économique de ME (par E). Rien de nouveau dans la critique, mais dépasse Owen, Proudhon et Fourier par application de la dialectique hégélienne à la réalité sociale. Conception reste cependant prisonnière des conceptions moralisatrices idéalistes : Emile Bottigelli, Genèse du socialisme scientifique, 1967, condamnation morale du commerce, de la concurrence, comme « provoquant la méfiance générale », « utilisant des moyens immoraux pour atteindre un but immoral » (MEGA, I, 2, p. 383).
-Critique du mercantilisme et de la théorie du libre-échange : Hypocrisie de la doctrine du libre-échange : que celui-ci est fondé sur un monopole, celui de la propriété privée, et que libre concurrence conduit forcément au monopole. Deuxième partie : critique faible de Ricardo. : arrive à la conclusion que la valeur intrinsèque inclut les coûts de production et l’utilité. Critique de la loi de l’offre et de la demande qui semble se comporter comme une loi de la nature. Se finit sur la critique de la loi de population de Malthus, approfondissement de la critique du capitalisme par Fourier, qui sera étayée dans la situation de la classe laborieuse. Erreurs : conception du salaire ouvrier réduit aux simples moyens de subsistance.
-Critique de Malthus : erreur de comparer l’accroissement de la population à l’accroissement de la production naturelle du sol, il faudrait plutôt le comparer à l’accroissement potentiel de la productivité agricole qui résulterait de l’applicaiton efficace de la science et de la technique modernes à l’agriculture.
-Dans cet article se rejoignent la critique de la propriété privée et du capitalisme : « la division entre le Capital et le Travail résulte inévitablement de la propriété privée », d’où s’ensuit division en classes antagonistes.
La Situation des classes laborieuses : 1845. Pas encore sur le terrain du matérialisme historique, indignation morale plus que la compréhension du processus historique le traverse ; « la lutte réelle du prolétariat constitue le seul véhicule possible du socialisme ». Rupture définitive avec le socialisme utopique.
Pouvoir social objectif : capacité d’assurer ou de paralyser la production dans son ensemble
Engels sur l’IA : « La partie achevée consiste en un exposé de la conception matérialiste de l’histoire, qui démontre seulement combien nos connaissances en matière d’histoire économique étaient encore incomplètes à cette époque » (« Ludwig Feuerbach und der Ausgang der klassischen deutschen Philosophie », Avant propos, p.334 Ausgewählte Schriften in zwei Bänden, II, Moscou 1950).
Comment faut-il comprendre le rôle du prolétariat dans la transformation socialiste ?
Les deux erreurs que font les sociologues et les économistes concernant le rôle du prolétariat en tant que véhicule de la transformation socialiste :
-ils présupposent chez Marx un déterminisme automatique entre le degré de développement industriel et le degré de développement de conscience de classe. Ceci reste à prouver, il faut démontrer que les facteurs tels que la concurrence internationale, l’érosion du monopole, avantages de salaires afférents, ne modifieront pas le comportement prolétariat.
-ils considèrent le développement de la conscience de classe, les conditions subjectives pour le renversement du capitalisme de manière rectiligne. Les condition ssubjectives et objectives au renversement du capitalisme suivent plutôt une courbe influencée par les fluctuations du cycle industriel (voir chap V). Il s’agit de savoir si périodiquement les conditions obj et subj poussent à une contestation d’ensemble.
La préface de 1892 à la « Situation de la classe laborieuse en Angleterre » montre qu’EM ont saisi « les rapports dialectiques entre le degré de développement des forces productives et le degré de développement de la conscience de classe » (24).
2. De la condamnation du capitalisme à la justification socio-économique du communisme (1844)
Les Manuscrits de 1844 marquent une étape dans l’évolution de la pensée économique de Marx. Il y est question successivement de salaire, de profit, de la rente foncière, du travail aliéné en rapport avec la propriété privée, de la propriété privée en rapport avec le travail et le communisme, des besoins, de la production et de la division du travail, de l’argent.
En quoi consiste le concept d’aliénation dans les Manuscrits de 1844 ?
Aliénation : Concept emprunté à Hegel, Schelling et Feuerbach. Dans Theorie und Praxis pp.154-6, Habermas remarque que le dépassement matérialiste de la dialectique du travail avait été pressenti par Schelling : « l’être étranger auquel appartient le travail et le fruit du travail ».
Caractère entièrement philosophique de ce concept perdu dans l’Introduction à la Critique de la philosophie du droit de Hegel. Glissement vers une problématique politique, sociale, que l’on peut traduire par le passage de l’interprétation de l’homme au monde à l’homme à la société. « L’homme aliéné n’est plus l’individu rivé à un univers de rêve religieux ou spéculatif, mais le membre d’une société imparfaite qui n’est pas en possession de toute sa dignité humaine. L’homme dans un monde déshumanisé, c’est maintenant l’homme dans une société déshumanisé » (Paul Kaegi, Genesis des historischen Materialismus, 1965, p.194-5). Mais la raison pour laquelle cette société est déshumanisée est dévoilée dans les Manuscrits de 1844 : « La société est inhumaine parce que le travail y est un travail aliéné » (29). Grâce à l’identification par Hegel de l’essentiel de la praxis humaine au travail, il n’y avait qu’un pas à faire pour Marx afin d’y « ramener » également la société et l’homme social. Or, la lecture des économistes a montré à Marx que selon eux, celui-ci constitue la source dernière de la valeur.
Partie la plus célèbre des Manuscrits : analyse des racines socio-économiques de l’aliénation. Parallèle dressé entre travail aliéné dans le capitalisme et l’homme aliéné par la religion. « Plus l’ouvrier travaille, plus il crée un monde d’objets qui lui sont hostiles et l’écrasent ». Auparavant, Marx avait identifié l’aliénation à la prorpiété privée (VOIR OU), alors que là, ses racines sont dans le travail aliéné : division du travail et de la production marchande. Le point de départ historique de l’aliénation est la division du travail, mais cela n’empêche pas qu’ensuite, propriété privée, division et production marchande soient trois variables en constante interaction.
L’aliénation n’est pas limitée à l’aliénation du produit du travail et des moyens de production, elle est également envisagée sous l’angle de l’aliénation des besoins : « Chaque homme spécule pour créer un nouveau besoin pour autrui, et pour l’obliger à de nouveaux sacrifices, pour lui imposer un nouveau rapport de dépendance, et pour le séduire à un nouveau mode de jouissance, et de ce fait, à la ruine économique…chaque nouveau produit est un vouvel élément potentiel de tromperie réciproque et de pillage mutuel ». (OU ???????). Ceci, c’est l’aspect inhumain du développement de la division du travail, qui amène à une spécialisation outrancière, provoquant une rupture dans la communication. Cette critique se retrouve dans l’IA, « alors que dans la société communiste, où chacun n’a pas un cercle exclusif d’activité, mais où chacun peut se qualifier dans chaque branche désirée. C’est dans la division du travail que le travail aliéné possède sa véritable origine. Etre aliéné c’est avoir un cercle exclusif d’activité, ne pas l’être c’est donc soit de n’avoir pas de cercle d’activité ou un cercle non-exclusif, une absence de limitation dans la pratique des activités, un nomadisme praxique caractérise la forme non aliénée du travail humain.
Communisme philosophique devient sociologique : fondé sur une analyse de l’évolution des sociétés et de sa logique.
Dans Zur Kritik der Nationalökonomie (1er Manuscrit) : Marx toujours partisan de la critique positive, humaniste et naturaliste de Feuerbach. Dans les Manuscrits, c’est un humanisme qui reçoit un contenu socio-économique précis : identifié au communisme qui dépasse propriété privée, division du travail et travail aliéné. Distinction dans Zur Kritik der Nationalökonomie entre communisme primitif et communisme en tant que dépassement positif de la propriété privée. Le deuxième propose un dépassement positif de toute aliénation, donc le retour de l’homme, de la religion de la famille, de l’Etat, vers sont être humain, cad, social (p.128). Double présupposé : socialisation des moyens de production, suppression de la propriété privée et un degré de développement élevé des forces productives. Ce double présupposé marque un progrès remarquable avec les textes antérieurs, et ceux des socialistes utopiques. Sera développé davantage dans l’IA, mais idées déjà présentes chez le suisse Schulz.
Zur Kritik : commence avec critique de la pauvreté provoquée par la propriété privée. Ce point de départ se distingue de celui adopté dans tous les ouvrages classiques d’économie politique qui partent d’une analyse de la richesse créée par la production des marchandises. Marx reprendra ce point de départ dans Le Capital. Dans Zur Kritik, la pauvreté produite par la propriété privée vient tout droit du salaire et de ses lois d’évolution.
Qu’est-ce que la théorie du salaire et quand Marx la fonde-t-elle ?
La théorie du salaire de Marx commence dans les Manuscrits de 1844, il se fonde sur la théorie classique Smith-Ricardo-Malthus. Le salaire a tendance à tomber au niveau de subsistance le plus bas. Mais cela ne provient pas, à la différence de Malthus-Ricardo, d’une loi de l’accroissement de la population, mais de la séparation des ouvriers et de leurs moyens de production.
Cette « loi » des salaires se développe en trois mouvements divergents lors des phases du cycle économique :
Dépression : baisse sous effet du chômage (l’armée industrielle de réserve), grande misère
Boom : demande de main d’œuvre dépasse offre, concurrence entre capitalistes accentuée, augmentation des salaires, phase favorable aux ouvriers. Nombre de capitalistes décroît, nombre d’ouvriers augmente, le capital s’accumule et se concentre. Extension du machinisme, réduction de l’ouvrier à l’état de machine animée, la machine rentre en concurrence avec lui. Mais surproduction amenant au chômage et donc baisse des salaires. – > augmentation de salaires exclusivement provisoires, et devant être effacées par logique du système. Schéma modifié 10 ans plus tard.
Expansion maximum de l’accumulation des capitaux : salaires stationnaires, à un niveau bas, thèse textuellement reprise de Ricardo.
Loi de la paupérisation relative : reprise de Schulz dans Die Bewegung der Produktion : les marchandises dont le salaire doit réaliser le valeur peuvent connaître baisse de valeur rapide ayant pour origine l’accroissement de la productivité, cad, la contre valeur du salaire peut être produite en un temps plus court.
Pas encore distinction entre capital constant et capital variable, encore même distinction que Smith entre capital fixe et capital circulant.
Ecueil des Manuscrits : Le problème de la valeur et de la plus-vale n’est pas réglé, cad, qu’il n’a pas encore saisi ce qui’il y avait de rationnel dans la théorie classique.
La Sainte Famille :
Encore conception éclectique de la valeur, correspondant à celle des Umrisse :
p.128, edition Mehring : « La valeur est au début apparemment déterminée de manière rationnelle par les oûts de production d’une chose et par son utilité sociale. Par après, il s’avère que la valeur est une détermination purment accidentelle, qui n’a pas nécessairement de rapports ni avec les coûts de production ni avec l’utilité sociale. »
Passages sur Proudhon : déclenchent une polémique deux ans plus tard, qui permettra à Marx d’exposer l’ensemble du mode de production capitaliste. « Proudhon reste encore prisonnier des hyptohèses de base (Voraussetzungen) de l’économie politique qu’il combat. »
Dépassement du point de vue erroné de Engels dans les Umrisse sur les rapports entre salaires et profits. Ces deux revenus se rapportent de manière hostile l’un à l’autre.
Quel tournant marque l’IA ?
IA : Reprise au niveau économique de ce qui est dit dans Zur Kritik, mais avec précisions comme :
-Division du travail comme source aliénation humaine
-« Le communisme n’est pas un idéal sur lequel la réalité doit se remodeler. Nous appelons communisme le mouvement réel que dépasse la situation actuelle. »
-Que sous le poids des contradictions capitalistes, les forces productives deviennent forces de destruction.
Dans l’IA, trois apports réels à la progression :
-vue plus dialectique du capitalisme et du commerce mondial (premiers signes dans Zur Kritik). La généralisation des rapports marchands n’est pas que mutilation généralisée des individus, mais aussi un enrichissement potentiel pour eux, en ce que leurs possibilités alors limitées à l’ignorance provenant de leur existence locale, s’ouvre au possible d’autres hommes dans d’autres régions.
-développement unviersel des besoins humains préparé par l’industrie, et devant être réalisé par le communisme. Rapport de l’homme avec les choses, nuancé car pensé dialectiquement. Dans Les Manuscrits de 44, ce rapport est pensé exclusivement négativement, dans l’IA, développement de toutes les possibilités humaines implique développement universel de ses jouissances, aussi dans les Gundrisse).
-Mode de distribution de la société future : à chacun selon ses capacités devient à chacun selon ses besoins. Répété dans la Critique du programme de Gotha.
C’est à partir de l’IA que les deux compères établissent le lien qui deviendra inéluctable entre aboliton de la production marchande et avènement de la société communiste. Toute théorie politique laissant subsister production marchande sont étrangères à théorie marxiste.
Où trouve-t-on la première définition du matérialisme historique ? Comment, et en quelles grandes étapes se développe-t-elle ?
-Définition du matérialisme historique (déjà une dans l’Introduction à la Critique de l’Eco pol)
3.Du refus à l’acceptation de la théorie de la valeur-travail (1844-1847)
L’évolution de la pensée de Marx passe d’une rejet à l’acceptation de la théorie de la valeur-travail, c’est ce qui constitue selon l’auteur, le reflet de l’attitude de Marx à l’égard de l’école classique. Entre 1844 et 1847 se change radicalement sa position sur la théorie de la valeur-travail. Plus ou moins explicitement rejetée dans sa version classique (notes critiques à sa première étude systématique de l’économie pol, MEGA, I, 3, pp.409-583) puis acceptée trois ans plus tard dans La Misère de la philosophie.
Dans quelle paradoxe manifeste s’ancre la critique de la notion de valeur ricardienne ?
Ce qui choque Marx dans sa première rencontre avec Ricardo et l’école classique, c’est l’opposition apparente entre les effets de la concurrence (fluctuations des prix suivant jeu offre/demande) et la stabilité relative de la « valeur d’échange », déterminée par quantité de travail nécessaire à la production. Mais imprégné de dialectique, il se demande si c’est bien ce qui est apparent qui est vraiment l’expression la plus directe de la réalité, l’abstraction ne renfermerait-elle pas une vérité en définitive beaucoup plus concrète que l’apparence ?
Apparemment, les prix du marché varient constamment, MEGA, I, 3, p.531 : « La véritable loi de l’économie politique, c’est le hasard, du mouvement duquel nous, les savants, fixons arbitrairement quelques moments sous forme de lois. ». Si prix de vente tombe en dessous coûts de production : fabricant est éliminé de la concurrence ; si ce prix s’élève trop fortement au dessus des coûts de production, surprofit pour le fabricant, et donc, concurrents supplémentaires, surproduction temporaire et donc, rebaisse des prix. LES COUTS DE PRODUCTION S’AVERENT ETRE EMPIRIQUEMENT L’AXE DES FLUCTUATIONS DES PRIX.
Passage copié de La Richesse des Nations : « Ce n’est point avec de l’or ou de l’argent, c’est avec du travail que toutes les richesses du monde ont été achetées originairement, et leur valeur, pour ceux qui les possèdent et qui cherchent à les achanger contre de nouvelles productions, est précisément égale à la quantité de travail qu’elles les mettent en état d’acheter ou de commander. (Rich.des Nat., I, pp.60-61, MEGA, I, 3, p.458). Cependant, pas de notes critiques sur ce passage, seulement avec Ricardo que commence polémique contre la théorie de la valeur-travail.
Ricardo n’intègre pas dans la détermination de la valeur la demande. Il réduit la loi de l’offre et de la demande à deux phénomènes de concurrence : la concurrence entre fabriquants qui détermine l’offre et celle des consommateurs qui détermine la demande. Mais cette dernière « se dissout en pratique dans des considérations sur la mode, les caprices et le hasard » (MEGA, I, 3, p.493). Valeur des marchandises (encore =prix) pour M vient : apport de travail + prix des matériaux.
Comment Marx élabore-t-il la théorie de la valeur-travail ?
Contre la théorie de la valeur-travail, plus fondamental : l’écopol doit faire abstraction de la concurrence. POURQUOI ? Les lois de l’écopol réclament pour avoir une cohésion, de considérer le réel comme accidentel, et les abstractions comme ayant plus de réalité. Critique de la valeur du travail dans la théorie ricardienne en ce qu’elle réduit celle-ci à la subsistance de l’ouvrier, en excluant d’autres besoins, et ceci afin d’entériner les distinctions de classes.
Que fonde en droit l’analyse de la valeur-travail ?
Critique de la politique et de l’économie politique : ouvrage jamais paru et dont le manuscrit est perdu, Engels le presse le 20 janvier 1845 à finir cet ouvrage, pour lequel il conclut un contrat le 1er février avec l’éditeur C.W. Leske. Il commence à être rédigé vers la fin de la rédaction de La Sainte Famille. Voyage de six semaines en Angleterre, nouvelle rencontre systématique avec l’écopol. Découverte de l’usage social-révolutionnaire que des écrivains socialistes anglais font de la théorie valeur-travail et de leur critique de Ricardo. T.R. Edmonds, William Thompson (MEGA I, 6, pp.597-622). Critique plus tard par Marx de l’analyse de la valeur-travail comme ce qui créé un « droit de l’ouvrier à tout le produit de son travail ».
L’homme d’affaire et malthusien John Cazenove dira de la théorie ricardienne de la valeur-travail en 1832 : « Que le travail soit la seule source de richesse, voilà ce qui semble être une doctrine aussi dangereuse que fausse, puisqu’elle fournit malheureusement un levier à ceux qui cherchent à représenter toute propriété comme appartenant aux classes laborieuses, et la part reçue par d’autres comme du vol ou une fraude à l’égard des ouvriers » (cité dans Ronald L. Meek, Studies in the Labour Theory of Value, 1956, p.124). Marx gagnera un point de vue bien plus favorable à l’égard de la théorie de la valeur-travail.
Par quoi est déterminée la valeur de la marchandise ? Quel est son rapport au temps de travail ?
Juillet 1845 : encore une certaine neutralité vis-à-vis de cette théorie témoigné par des notes de lecture de Babbage. C’est dans l’IA (début 1846) qu’apparaissent deux passages précis marquant l’acceptation de cette théorie : « dans le cadre de la concurrence le prix du pain est déterminé par les coûts de production et non par le bon vouloir des boulangers » (critique à Stirner) (p.388) et p.420, « Et même en ce qui concerne la monnaie métallique, elle est déterminée purement par les coûts de production, c’est-à-dire par le travail ».
C’est par une analyse concrète des tendances d’évolution historiques des rapports entre l’offre et la demande dans le mode de production capitaliste dans leur lien avec le natural price de Ricardo qu’est mis en évidence le fait que la valeur n’est pas déterminée par des lois du marché mais par des facteurs immanents à la production elle-même.
C’est donc par un détour par les études historico-philosophiques que ME en sont arrivés au point de départ de la théorie classique de la valeur-travail pour la reformuler : le travail (abstrait) est l’essence de la valeur d’échange, parce que dans une société fondée sur la division du travail, il constitue le seul tissu conjonctif permettant de comparer mutuellement et de rendre commensurables les produits du travail d’individus séparés les uns des autres.
Dans Misère de la philosophie : Marx ricardien. Il le cite dans sa théorie concernant la détermination de la valeur ou du prix naturel par les frais d’entretien des hommes (p.23-24). Mais au même moments séparation avec Ricardo dans lettre à Annenkov du 28 décembre 1846 : les économistes bourgeois font l’erreur de voir des catégories éternelles dans ce qui ne sont que des lois pour un certain développement historique, pour un développement déterminé des forces productive (in Briefe über das Kapital, p.22). En saisissant au travers du matérialisme historique le noyau rationnel de la théorie de la valeur-travail, c’est le caractère historiquement limité de toute loi économique qui est simultanément mis en évidence. Autrement dit, c’est un rapport social qui s’applique en dernière analyse à toutes les catégories économiques.
Dans le Capital : ce sera le temps de travail qui sera le critère de la répartition des produits dans une société socialiste, à l’opposé de la répartition par l’échange fondée sur le travail et la propriété privée. Le refus est radical pour Marx d’identifier la valeur d’échange comme expression indirecte de la comptabilité du temps de travail. Lors du remplacement de la propriété privée par les producteurs associés (société coopérative), la production marchande cessera pour faire place à une comptabilité directe en heures de travail :
« Le producteur reçoit donc individuellement – les défalcations une fois faites – l’équivalent exact de ce qu’il a donné à la société. Ce qu’il lui a donné, c’est son quantum individuel de travail. Par exemple, la journée sociale de travail représente la somme des heures de travail individuel; le temps de travail individuel de chaque producteur est la portion qu’il a fournie de la journée sociale de travail, la part qu’il y a prise. Il reçoit de la société un bon constatant qu’il a fourni tant de travail (défalcation faite du travail effectué pour les fonds collectifs) et, avec ce bon, il retire des stocks sociaux d’objets de consommation autant que coûte une quantité égale de son travail. » (Critique du programme de Gotha, 1875, p.5)
« D’un côté, sa distribution dans la société règle le rapport exact des diverses fonctions aux divers besoins; de l’autre, il mesure la part individuelle de chaque producteur dans le travail commun et en même temps la portion qui lui revient dans la partie du produit commun réservée à la consommation. » (Le Capital, t. I. p. 90).
Il ne faut pas comprendre que Marx affirme que le temps de travail détermine la valeur, et que donc tout travail social vivant prendrait nécessairement la forme de travail abstrait créant de la valeur (Milentije Popovic), mais le socialisme ne vise pas à humaniser la production marchande, mais bien la supprimer. Misère de la philosophie, p.44 : « La détermniation de la valeur par le temps de travail, c’es-à-dire, la formule que M. Proudhon nous présente comme celle qui devrait régénérer l’avenir, n’est que l’expression scientifique des rapports économiques de la société actuelle… ».
4.Une première analyse d’ensemble du mode de production capitaliste (1846-1848)
Entre fin 46 et début 48, quatre ouvrages rédigés par ME : Misère, Grundsätze des Komm (Engels), Travail salarié et Capital (M), Manifeste : plus une vue partielle de la société bourgeoise axée sur misère du prolétariat. Plutôt une vision qui examine lois d’apparition du capitalisme, ses mérites historiques (celui d’avoir par exemple rendu possible la suppression de toutes les classes, grâce à l’essor des forces productives), assise du mouvement ouvrier et communiste sur la base scientifique du matérialisme historique (premier exposé du matérialisme historique dans Misère de la philosophie, Otto Ruhle). D’un point de vue économique, ces trois ouvrages convergent, pour constituer un ensemble.
Lors de cette phase s’effectue la synthèse de la sociologie et de la science historique fondée sur la synthèse de la méthode logique dialectique et historique. Ce type de synthèse a récemment à nouveau été tentée par Talcott Parsons. « Dans le cadre d’une sociologie hautement formalisée, et d’une théorie générale de l’action, il traite l »cnonomie comme un cas spécial d’un système social, spécialisé dans l’accroissement de l’adaptabilité du système plus large » (Economy and Society, 1957, p.6-7, 21.). Mandel comprend cette tentative comme un échec : 1) caractère a-historique 2) incapacité à comprendre la nature contradictoire de tout système social 3) tendance apologétique par rapport à la réalité du capitalisme contemporain. Simple généralisations de traits essentiels d’une économie capitaliste.
Au cœur de cette période se trouve Misère de la philosophie, critique à Proudhon, par exemple, pp.34-38, démontre l’erreur de Proudhon de lier l’intensité du besoin physique et l’accroissement de la productivité du travail qui fabrique les marchandises devant satisfaire ce besoin. Liens avec Proudhon : Passe par une admiration sincère (ouvrier autodidacte au style hardi), puis une déception profonde, car Proudhon ne le suit pas dans une appropriation critique sérieuse de l’économie politique classique, puis vingt ans plus tard, un jugement plus serein qui maintient tout de même une critique des thèses erronées de Proudhon.
Misère de la philosophie est un ouvrage qui présente pour la première fois une vue d’ensemble des origines, du développement, des contradictions et de la chute future du régime capitaliste. La ligne critique qui consiste à combattre la mystification qui consiste à créer des catégories immuables proclamant éternel l’état des choses commencée avec Hegel est conservée par Marx dans sa critique de Proudhon.
Travail salarié et capital : Série d’articles parus dans la Neue Rheinische Zeitung en 1849 qui sont la reproduction de conférences que Marx avait tenues en 1847 devant l’association ouvrière de Bruxelles. Dans cet ouvrage Marx tend vers l’essentiel de sa théorie de la plus-value, sans utiliser ce terme et sans être précis. « L’activité productive de l’ouvrier non seulement restitue ce qu’il consomme, mais donne au travail accumulé une valeur plus grande que ce qu’il possédait auparavant ».
Grundsätze des Komm : Ecrit pas Engels en le 13 et 27 otobre 1847 pour la section parisienne de l’Association des Justes. Manifeste Communiste, en novembre 1847.
Comment naît et se développe historiquement le capital ?
Origine du capital : dans l’accumulation des capitaux facilitée par la découverte de l’Amérique et l’importation en Europe de ses métaux précieux qui provoqua chute des salaires et des rentes foncières féodales et une hausse des profits. Chute des rentes foncières provoque des « licenciements » de personnel dans la noblesse, de nombreux mendiants, apparaissent et sont embauchés dans les manufactures (remarqué par Hegel). Manufactures crées par les commerçants, non par des artisans. Le mode de production ainsi né représente avant tout de nouveaux rapports de production sociaux (Misère de la phi, p.117). Effectivement, le capital est un produit commun qui ne peut être mis en mouvement que par l’activité commune de beaucoup de membres. Ce qu’ont saisi ME c’est que ce nouveau mode de production a une nature profondément révolutionnaire. C’est même un hymne qui est chanté à l’époque bourgeoise dans le Manifeste Communiste : « La bourgeoisie ne peut exister sans boulverser constamment de manière révolutionnaire les instruments de travail, donc les rapports de production, donc tous les rapport sociaux ». « Les prix bon marché de ses marchandises sont l’artillerie lourde, avec laquelle elle fait s’écrouler des murailles de Chine, avec laquelle elle amène à la capitulation la xénophobie la plus tenace des barbares…elle les oblige à introduire chez elles la soi-disant civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises » (Grundsätze, p.206, mais aussi dans les Grundrisse, p.311-313).
D’où provient l’accumulation de richesse et que cela implique-t-il pour la condition ouvrière ?
Ces descriptions ne font que mieux souligner les contradictions que le capitalisme produit en même temps, car il s’y développe le prolétariat. La concentration de la misère provient d’une concentration de richesse sociale. Cette richesse a pour élément de base la marchandise.
La valeur de la marchandise est déterminée par le temps de travail nécessaire à sa production.
Entre 46-48 : pas encore de distinction entre temps de travail socialement nécessaire et temps de travail tout court. Pas de distinction non plus entre force de travail et travail, nommé « vente de travail », « prix du travail ». Corrigé fin 1850 dans les Grundrisse et les Theorien über den Mehrwert.
Or, travail a été transformé en marchandise, la seule chose que les prolétaires possèdent c’est cette force qu’ils doivent vendre pour obtenir des moyens de subsistance. La valeur de cette marchandise (encore natural price ricardien en 1847) sera déterminée par la quantité de travail nécessaire à sa production, cad, à celle de ses moyens de subsistance, pour maintenir en vie « l’espèce des prolétaires » (Elend der Phi, p.24-25). Le niveau du salaire dépend du rythme d’accumulation des capitaux (« Arbeitslohn, Kleine ökonomische Schriften, pp.231-232).
Thèse admise encore à cette époque par EM : loi générale de la baisse des salaires à long terme. Définie dans Arbeitslohn et Travail salarié et capital : au cours de l’évolution le salaire ouvrier tombe dans un double sens : premièrement, relatif, en rapport avec le développement de la richesse générale, deuxièmement, absolu, la quantité de marchandises que l’ouvrier reçoit en échange devient de plus en plus réduite. Ce phénomène est provoqué par la concurrence entre les ouvriers qui augmente constamment, mais aussi les impôts et les tromperies de commerçants. Théorie de la paupérisation absolue et relative.
Loi de l’accumulation du capital élaborée sur la base de l’idée de l’économiste John Barton. Loi qui découle « de la nature des rapports entre Travail et Capital » : « au cours de la croissance des forces productives la partie du capital productif, qui est transformée en machines et matières premières, cad, le capital entant que tel, croît en une proportion plus forte que la partie (du capital) qui est destinée aux salaires, cad en d’autres termes : les ouvriers doivent se partager, par rapport au capital productif dans son ensemble, une partie toujours plus petite de celui-ci. La concurrence en devient d’autant plus violente. » (Arbeitslohn, Kleine ökonomische Schriften, p.242). Mandel note ici une erreur, par exemple si le capital variable augmente en termes absolus de 10% par année, alors que la main d’œuvre salariée n’augmente que de 5%, la part moyenne revenant à chaque salarié peut augmenter (p.59).
Première esquisse de la loi de l’augmentation de la composition organique du capital. En découle la loi de la chute tendantielle du taux moyen de profit (loi fondamentale du développement du mode de production capitaliste).
Cause des crises périodiques de la surproduction : déjà identifiée par la concentration simultanée de richesse et de misère à deux pôles de la société. Ces crises démontrent que les rapports de propriété et de production capitalistes sont devenus à leur tour des freins du développement des forces productives. (Kommunistische Manifest, p.31).
5.Le problème des crises périodiques
Tableau de l’année 1848 :
Révolution de février en France
Révolution de mars à Berlin
Retour en Allemagne de ME
Publication du quotidien Neue Rheinische Zeitung, première interdiction
Eclatement et défaite de la révolution en Italie et en Hongrie et à Vienne.
Victoire de la contre révolution à Berlin
Dissolution de l’assemblée nationale allemande
Interdiction définitive de la Neue Rheinische Zeitung
Expulsion de Marx d’Allemagne
Quelles sont les origines du mouvement révolutionnaire et comment s’articule-t-il aux crises de la surproduction ?
Leur engouement premir à ces mouvements révolutionnaires et l’optimisme qui caractérise l’esprit du révolutionnaire laissera place à une critique impitoyable de leurs propres illusions. Ils écrivent le 1er novembre 1850 dans la Neue Rhein-politiscch-ökonomische Revue « Une nouvelle révolution n’est possible qu’à la suite d’une nouvelle crise ». Ils sont arrivés à cette conclusion par l’étude de la marche cyclique de la production capitaliste. Etude portant surtout sur la crise de 1847 et la phase de prospérité qui en suivra, et sur le crise de 1857 (articles dans le New York Daily Tribune).
Marche cyclique est présente dans Situation de la classe laborieuse, Misère de la phi, Manifeste Communiste, dès les notes de lecture de 1844. Contradiction qui n’est pas vue par Ricardo et Say, entre tendance du Capital à développement illimité des forces productives et limites étroites imposées par celui-ci à la consommation des classes laborieuses. : distinction entre demande physique et demande solvable.
IA : crise de la surproduction n’a pas pour cause une surproduction physique mais des perturbations de la valeur d’échange (pp.417-8, 557).
Quand est formulée pour la première fois l’idée d’appropriation des forces productives des moyens de production ?
Dans Les Luttes de classes en France 1848-1850 :
« Dans le premier projet de Constitution, rédigé avant les journées de Juin, se trouvaient encore le “ droit au travail * ” première formule maladroite où se résument les exigences révolutionnaires du prolétariat. On le transforma en droit à l’assistance *, or, quel est l’État moderne qui ne nourrit pas d’une façon ou de l’autre ses indigents ! Le droit au travail est au sens bourgeois un contresens, un désir vain, pitoyable, mais derrière le droit au travail, il y a le pouvoir sur le capital, derrière le pouvoir sur le capital l’appropriation des moyens de production, leur subordination à la classe ouvrière associée, c’est-à-dire la suppression du salariat, du capital et de leurs rapports réciproques. » (p.29)
En 1850 EM publient une série d’articles dans la Neue Rheinisch-Politisch… qui relèvent d’une analyse précise de la conjoncture au travers de l’analyse des évènements politiques et économiques. Dans leur analyse du rapport entre investissements et créations de nouvelles entreprises menant à la crise de la surproduction, ils émettent la thèse selon laquelle si c’est la spéculation qui semble, débridée, être la cause de la crise après 1845 en Angleterre, ce n’est en dernière analyse qu’une crise de la surproduction (2008).
Caractère double de l’or : équivalent général de toutes les marchandises et marchandise dont valeur fluctue avec l’évolution de la productivité dans l’industrie aurifère.
Le rôle de débouché de substitution : nom donné par Luxemburg dans Die Akkumulation des Kapitals au rôle de l’Etat dans une conjoncture économique, pouvant par les fournitures de l’armée et le développement de l’industrie de guerre compenser le recul des exportations (cas pour Marx de la guerre de Crimée, sous estimé par Marx).
Au cours de l’étude de l’année de crise 1857-58 Marx découvre les rapports entre la durée du cycle et la durée de reproduction du capital fixe.
La théorie du cycle décennal du cycle capitaliste a fait l’objet de théories dites des crises périodiques. Notamment celle de Tugan-Baranowsky (Studien zur Theorie und Geschichte der Handelskrisen in England, 1901, une analyse de R. Luxemburg dans l’Akkumulation pp.239-244). La dynamique du cycle pour Marx provient d’une double cause : concurrence capitaliste et son caractère irrégulier des investissements et dans le retard que la demande solvable des masses prend sur a capacité de production globale de la société.
6.Perfectionnement de la théorie de la valeur, de la théorie de la plus-value et de la théorie de la monnaie
De 1852 à 1856 Marx doit renoncer à ses études économiques
1857 : Analyse des faits et gestes de la crise et élaboration des traits fondamentaux de l’analyse économique. S’ensuivront Contribution à la Critique de l’Economie politique, Grundrisse, Théories sur la plus-value. Ensemble des travaux préparatoires à l’élaboration du Capital.
Grundrisse : rédaction commencée en septembre 1857. De novembre 1857 à fin juin 1858 contributions les plus importantes au développement de la science économique. Ses travaux consistent alors à essayer de démontrer le caractère spécifiquement social et non absolu du mode de production capitaliste, à partir du phénomène simple de la marchandise (22 jullet 1859 dans lettre à Engels).
Contribution à la critique de l’écopol : matérialisme historique. Caractère trop abstrait, comme le remarque Engels. S’y trouvent les contributions qui seront analysées dans le détail dans les Grundrisse. Les Grundrisse ne seront connus qu’après la seconde guerre mondiale.
Dans Travail salarié et Capital : pas de distinction entre force de travail et travail. Or, l’analyse scientifique de la plus-value résulte de la découverte d’une valeur d’usage spécifique de la force de travail. Notion de plus-value : pas encore présente ni dans Misère, ni dans Manifeste Communiste, ni dans Travail salarié.
Perfectionnement de la théorie de la valeur, et valeur-travail avec sa formulation dans les Contributions la théorie du travail abstrait, créateur de valeur d’échange. Dans l’Introduction, il y décrit la méthode dialectique qu’il a employée pour découvrer la catégorie du travail abstrait.
Travail concret : créé valeur d’usage
Travail abstrait : produit valeur d’échange, c’est la fraction du temps de travail social globalement disponible dans une société de producteurs de marchandises.
Si travail constitue l’essence de la valeur d’échange, quelle est alors la valeur d’échange du travail ? La valeur d’échange ne devient-elle pas alors la mesure de la valeur d’échange ?
Or, s’il fallait une journée de travail pour maintenir en vie un ouvrier pour une journée, le capital ne pourrait pas exister, car la journée de travail s’échangerait contre son propre produit, et le capital ne pourrait pas se valoriser en tant que capital, et ne pourrait donc pas subsister…Mais si une seule demi-journée de travail suffit pour maintenir en vie un ouvrier pendant toute une journée de travail, alors la plus-value résulte d’elle-même… » (Grundrisse, p.230).
Ce n’est donc pas l’échange qui créé la plus-value, c’est un processus, grâce auquel le capitaliste reçoit gratuitement sans échange ou équivalent du temps de travail cristallisé en valeur. Ce processus c’est la jouissance par le capitaliste de la valeur d’usage de la force de travail, pouvant produire de la valeur au-delà de sa propre valeur d’échange.
« Valeur d’usage pour le capital, le travail n’est que valeur d’échange pour l’ouvrier, (seule) valeur d’échange disponible. La valeur d’usage d’une chose ne concerne pas son vendeur en tant que tel, mais ne concerne que son acheteur. » (Grundrisse, pp.213-4).
Théoriquement la distinction se présente tel quel :
La valeur d’échange de la force de travail, c’est le salaire, la valeur de toutes les marchandises nécessaires à la reconstitution de la force de travail.
La valeur d’usage de la force de travail c’est celle de fournir pour son acheteur du travail gratuit, au-delà du point où elle a produit l’équivalent de sa propre valeur d’échange.
Historiquement :
Le problème revient à l’analyse de la formation du prolétariat moderne, de l’armée industrielle de réserve, de la séparation des moyens de travail, de la transformation du sol en propriété privée, cad, crétaion d’une classe sociale dans l’obligation d’accepter la vente de sa force de travail au prix de marché.
Pour que l’argent devienne capital et que le travail devienne travail salarié, cad, produisant du capital il faut :
1)une existence subjective séparée des moments de sa réalité objective, cad, les conditions du travail vivant, les moyens d’existence, les moyens de vie, les moyens de subsistance. Cela signifie-t-il qu’au préalable ceux-ci doivent ne pas être accessibles ? Que cette séparation est en fait la condamnation à la survie ?
2)le travail cristallisé (la valeur) doit consister en une accumulation de suffisamment de valeurs d’usage pour créer les conditions matérielles a)de la production de produits nécessaires pour la reproduction b)pour absorber le surtravail ?
3)un rapport d’échange libre, la circulation monétaire, entre les deux parties. C’est un rapport qui est alors fondé sur une valeur d’échange et non des rapports de domination et d’asservissement. La production ne fournit pas immédiatement les vivres aux producteurs, l’intermédiaire est alors l’échange. Ce rapport est nécessaire en ce que le rapport entre les deux parties, si elles n’échangent que du travail cristallisé est impossible.
Ceci est l’analyse dans les Grundrisse du caractère historiquement déterminé de la plus-value et du travail salarié.
Mais si valeur d’échange des marchandises est déterminée par le temps de travail qu’elles contiennent, alors comment concilier cela avec le fait empirique que les prix de ces marchandises soient déterminés par la loi de l’offre et de la demande ?
Cette contradiction, celle qui a été d’ailleurs identifiée entre le tome I et III du Capital, « n’est rien d’autre qu’un écho vulgaire de cette vieille objection à la théorie ricardienne, qui oppose les prix de marché à la valeur d’échange » (p.85, en réf. A Eugen von Böhm-Bawerk et Pareto). C’est un problème qui est en réalité déjà résolu dans les Grundrisse donc, par la théorie de la concurrence des capitaux développée sur la base de la théorie de la péréquation du taux de profit et de la formation des prix de la production sur la base de la concurrence entre es capitaux.
Quatrième et dernière objection à Ricardo : si la valeur d’échange est le temps de travail contenu dans les marchandises, comment des marchandises qui ne contiennent pas de temps de travail peuvent-elles avoir une valeur d’échange ? Cad d’où provient la valeur d’échange des forces de la nature ? Solution se trouve dans la théorie de la rente foncière, dont la solution est pratiquement identique à celle de la résolution de la péréquation du taux de profit.
1860 : année consacrée à la rédaction de Herr Vogt.
Entre automne 1857 et début 1859 : perfectionnement de la théorie de la monnaie, critique systématique de celle de Ricardo. Deuxième chapitre de la Contribution à la Critique de l’économie politique.
Cette théorie n’est rien d’autre que l’application logique de la théorie de la valeur-travail à la monnaie. Si la valeur d’échange de toutes les marchandises ne représente que des quantités de travail socialement nécessaires, alors évidemment, monnaie n’est pas un simple moyen de circulation, intermédiaire (Ricardo), mais également une marchandise (Theorien über den Mehrwert, vol. II, p.500).
Théorie quantitative de la monnaie de Montesquieu, Hume et ensuite Ricardo : que la hausse et baisse des prox dépend d’un accroissement ou d’une réduction de la masse monétaire en circulation : pas valable pour monnaie en tant que métaux précieux. Car cette monnaie ayant une valeur intrinsèque, elle ne peut modifier par ses propres mouvements les prix des autres marchandises. Fluctuations des prix : mouvements primaires. Hausse ou baisse de la monnaie en circulation : dérivés. (Zur Kritik, p.97). Une baisse des prix provoque le stockage de la monnaie, une augmentation, ramène des masses supplémentaires de métaux précieux vers la circulation.
Distinction cependant entre les lois qui gouvernent circulation de la monnaie métallique et de celles qui gouvernent la circulation de la monnaie papier dite « signes monétaires ». Quantité d’or en circulation dépend du prix des marchandises, alors que pour les signes monétaires, c’est de leur propre quantité que dépend la valeur (Zur Kritik, p.114).
La monnaie papier n’est qu’un intermédiaire de remplacement d’une masse d’or ayant sa valeur propre. Ce qu’elle doit donc conserver c’est son rapport d’équivalence, sa valeur propre fluctuant selon celle de ce qu’elle représente. Mais dans une économie mondialisée, la monnaie plus que simple moyen de circulation de marchandises est un moyen de payement général. Le développement du mode de production capitaliste fait croître le crédit, ce qui implique un changement de fonction de la monnaie qui devient plus moyend e payement que moyen de circulation. (Zur Kritik, p.144).
En quoi consiste la définition du mode de production capitaliste ?
Erreur : « Ce qui est spécifique du capitalisme, c’est l’appropriation de cette plus-value par l’individu possesseur des moyens de production, c’est-à-dire l’appropriation privée du surproduit… » (Maurice Godelier, Rationalité et irrationalité en Economie, 1966)
Ce n’est pas ce à quoi se limite la définition du capitalisme, ce n’est pas la simple appropriation privée de la plus-value. « La théorie marxiste du capital définit le capitalisme par la transformation des moyens de production en capital et de la force de travail en marchandise, c’est-à-dire par la généralisation de la production marchande. » (Mandel, p.96). Ainsi, un socialisme où les moyens de production resteraient des marchandises impliquerait la possibilité encore de crises périodiques de surproduction, et où la force de travail resterait marchandise ne serait qu’un capitalisme d’Etat, quand bien même la propriété privée des moyens de production serait abolie. (ibid).
Ainsi, Mandel en vient à identifier la construction d’une société socialiste au déperissement de la production marchande, qui est un mode de production antérieur au capitalisme, mais qui survit pendant la phase de transition.
7.Les Grundrisse ou la dialectique du temps de travail et du temps libre
Avec la Contribution à la critique de l’Economie politique, les Grundrisse constitue le point culminant avant le Capital de l’œuvre économiqe de Marx. Le capital est traité dans le Capital en quatre parties : processus de production du capital, processus de circulation du capital, l’unité des deux (capital et profit) et l’histoire critique des doctrines économiques. Rosdolsky identifiera 13 variantes du plan du Capital entre 1857 et 1868.
Dans les Grundrisse se trouvent les contributions essentielles à la théorie économique de Marx : perfectionnement de la théorie de la valeur, de la plus-value, et de la monnaie.
Y apparaissent aussi :
-p.289, distinction entre capital constant (dont la valeur est conservée par la force de travail) et capital variable (dont la valeur est accrue) ;
-pp.219-343 : représentation de la valeur d’une marchandise comme la somme de trois éléments : capital constant, capital variable, plus-value (c + v + pl)
-pp.417-8 : accroissement de la masse annuelle de la plus-value par le racourcissement du cycle de circulation du capital
-pp.311-2 : division de la plus-value en plus-value absolue et relative et en surtravail absolu et relatif (pp.264-5).
-pp.217-362 : théorie de la péréquation du taux de profit.
Qu’est-ce qui ne se trouve pas dans les Grundrisse alors ?
La théorie de la chute tendancielle du taux moyen de profit et de la reproduction ne sont pas du tout mûres.
Qu’est-ce qui s’y trouve mais n’a pas été repris dans le Capital ?
Ce qui caractérise les Grundrisse c’est une analyse et un exposé d’une série de « couples dialectiques » tels que marchandise-argent, valeur d’usage-valeur d’échange, capital-travail salarié etc… Marx fait remarquer dans une lettre du 14 janvier 1858 à Engels, qui la relecture nouvelle de la Logique de Hegel imprègne son actuelle méthode d’investigation. Comme le fera remarquer lénine, ce qu’inaugure Marx, c’est l’application de la méthode de recherches dialectiques qui permet à Marx de placer les phénomènes économiques dans un contexte économique global.
« Toute économie se dissout en dernière analyse dans une économie du temps ». Ceci s’applique autant aux sociétés de classes et celles où déjà la production a été réglée collectivement.
« Moins la société a besoin de temps pour produire du blé, du cheptel, etc., plus elle gagne du temps pour d’autres productions matérielles ou spirituelles. De même que chez un individu, l’universalité de son développement, de sa jouissance et de son activité dépend de l’économie du temps (Zeitersparung)… Economie du temps, de même que répartition planifiée du temps de travail…voilà ce qui reste donc ma première loi économique sur la base de la production collective. » (Grundrisse, p.89).
En quoi l’économie du temps diffère-t-elle de la mesure des valeurs d’échange (produits du travail) par le temps de travail ?
La mesure des valeurs d’échange par le temps de travail ne s’effectue qu’au niveau d’une différence quantitative, alors qu’il existe également une différence qualitative. Si on limite la différence à celle quantitative cela implique l’identité de leur qualité. L’économie du temps est la mesure quantitative des travaux qui implique l’identité de leur qualité (Grundrisse, p.89-90). La différence avec la mesure des valeurs d’échange par le temps de travail se situe-t-elle alors dans le fait que dans la mesure des valeurs d’échange est prise en compte la différence qualitative des travaux des individus ? (p.104).
Distinction entre temps de travail nécessaire et excédentaire, superflu, disponible :
« Tout le développement de la richesse se fonde sue la création du temps disponible ». Aux niveaux les plus productifs de l’échange, ce qui est échangé ce n’esr que du temps superflu, ne s’étendant d’ailleurs qu’aux produits superflus. « Dans la production fondée sur le capital, l’existence du temps de travail nécessaire est conditionnée par la création du temps de travail superflu » (Grundrisse, p.301-2).
Capital cherche accroissement de la masse laborieuse, cad, nombre de personnes auxquels est garanti temps de travail nécessaire. « dans la seule mesure où elle produit en même temps du surtravail, du travail « superflu » de son propre point de vue » (p.104). C’est ainsi que s’explique la tendance à créer une armée industrielle, une population superflue, garantissant qu la population laborieuse fournisse du travail superflu. La baisse des salaires signifie l’augmentation de la plus-value, qui n’est alors rien d’autre que du travail superflu du point de vue du travailleur.
Autre aspect du travail superflu : il est source de jouissance pour une aprtie de la société à condition qu’il devienne travail forcé pour une autre partie.
« …c’est parce qu’un individu ou une classe d’individus sont obligés de travailler davantage qu’il est nécessaire pour satisfaire leurs besoins fondamentaux – parce que du surtravail apparaît d’un côté – que le non-travail et la richesse apparaissent de l’autre. » (Grundrisse, p.305)
« Le développement du surtravail chez la classe ouvirère, cela implique déjà au sein du mode de production capitaliste le développement du temps libre chez le capitaliste » (p.105). Son temps est la négation du temps de travail.
Avec le développement de l’autamation, Marx voit la disparitioon progressive possible du temps de travail nécessaire à la création de la richesse. Le temps de travail disparaîtrait même du processus de la production, faisant alors de l’homme un simple surveillant, régulateur de ce processus (Grundrisse, p.592).
Mais dans le mode de production capitaliste ce progrès apparaît sous la forme d’une énorme contradiction : « plus la production immédiate de la richesse humaine s’émancipe du temps de travail humain, plus sa création effective est subordonnée à l’appropriation privée du surtravail humain, sans laquelle la mise en valeur du capital et toute la production capitaliste, deviennent impossibles. » (Mandel, p.107).
Ainsi, « Le surtravail de la masse a cessé d’être la condition du développement de la richesse générale, de même que le non-travail d’une petite minorité a cessé d’être la condition du développement général de la tête humain. De ce fait s’effondre la production fondée sur la valeur d’échange. » (Grundrisse, p.593).
Les contradictions du capitalisme s’expriment donc notamment par le fait qu’il cherche à réduire au maximum le temps de travail nécessaire à la production tout en posant le temps de travail comme seule mesure et source de richesse.
Marx, un optimiste inébranlable de la technique ? Avis de Kostas Axelos, mais qui sous estime la nature dialectique de la pensée marxiste : les forces productives risquent de se transformer en froces destructives si les rapports de production capitalistes ne sont pas renversés.
8.Le « mode de production asiatique » et les préconditions historiques de l’essor du capital
La théorie du mode de production asiatique a certainement été développée par ME sous l’influence de trois courants : Mill et Jones, récits et mémoires consacrés aux pays d’Orient, études entreprises sur la communauté du village dans d’autres parties du monde.
Toutes ces études s’inscrivaient dans une analyse du commerce extérieur de la Grande-Bretagne, pour laquelle les marchés orientaux jouaient un rôle croissant de débouché pour l’industrie britannique. La société orientale subit des boulversements profonds suite à cette expansion des exportations.
Hypothèse de travail d’un mode de production asiatique se trouve dans trois lettres de 1853 et quatre articles publiés dans le New York Daily Tribune :
1)absence de propriété privée du sol (des champs cultivés pour l’Inde notamment)
2)De ce fait résulte que la communauté villageoise conserve une force de cohésion essentielle
3)Cette cohésion interne ancienne a encore augmentée et maintenue dans l’union intime entre agriculture et industrie.
4)Mais dans ces régions, l’agriculture réclame des travaux hydrauliques imposants qui réclament un pouvoir central régulateur et entrepreneur de grands travaux.
5)De ce fait, l’Etat et une classe particulière concentre la majeure partie du surtravail dans ses mains
9.La mise au point de la théorie des salaires
S’effectue dans Travail salarié et capital, dans misère de la phi, et Manifeste communiste, en partie sur la théorie erronnée de Ricardo.
La théorie ricardienne des salaires, largement inspirée de Malthus fait état d’un mouvement d’offre et de demande de main d’œuvre essentiellement stimulé par le processus démographique. Hausse des salires mène à procréation plus poussée, ou du moins baisse de la mortalité infantile, ce qui augmente forces productives et provoque la baisse des salaires. Mais la chute des salaires provoque à nouveau diminution de forces productives, et donc augmentation des salaires.
Or, limite son analyse à celle de l’offre (et encore !) de main d’œuvre pas en considération demande. Il fait, de plus abstraction du processus de prolétarisation de producteurs uqi disposaient de leurs moyens de production ou d’échange.
De plus, le facteur temps est escamoté dans son analyse, la chute de la mortalité infantile n’ayant, en gros que des répercussions une quinzaine d’années plus tard, selon l’âge d’embauche. La théorie de Malthus-Ricardo présuppose donc une stagnation à long terme de la demande de main d’œuvre. Ceci est en contradiction manifeste avec les phénomènes de révolution industrielle, d’industrialisation, de croissance économique sous le capitalisme en général.
Théorie selon laquelle le salaire a tendance à tomber vers le minimum vital physiologique et de s’y maintenir, reprise par des socialistes utopiques, comme Lassale :
Loi d’airain des salaires de Lassale est celle de la détermination du salaire en terme d’offre et de demande de travail : « le salaire moyen reste toujours réduit à la subsistance qui est nécessaire pour l’existence et la procréation d’après les habitudes d’un peuple » (Lassale, Offenes Antwortschreiben an das Zentralkomitee zur Berufung eines allgemeinen Deutschen Arbeiterkongresses zu Leipzig, 24.04.1863).
C’est dans les Umrisse zu einer Kritik einer Nationalökonomie du jeune Engels (1843), est émise une théorie des salaires qui sera maintenue jusqu’au second exil en Angleterre de Marx. Engels condamne comme « infâme et ignoble » la doctrine de Malthus, mais en adopte tout de même les conclusions : « Au travail ne revien que ce qui est strictement nécessaire, les moyens de subsistance tout nus… » (MEGA, I, 2, p.401). Mais ce fait ne provient pas d’un mouvement démographique, mais économique : la concurrence universelle dans laquelle les ouvriers sont plus faibles que les capitalistes, et même remplaçables par des machines. Argument encore marginal dans les Umrisse, sera alors central dans les œuvres de jeunesse de ME. Dans le premier Manuscrit de 1844, Marx affirme que le capitalisme réagira contre toute augmentation des salaires en remplaçant les ouvriers par des machines, le travail vivant par le travail mort ; chez le jeune Marx, cette tendance du capital à substituer le travail mort au vivant devien tle moteur de l’accumulation du capital et de la baisse des salaires. En 1846 il affirmera dans une lettre à Annenkov que « Depuis 1825, l’invention et l’application des machines n’est que le résultat de la guerre entre les maîtres et les ouvriers ». Leur théorie explique la baisse des salaires par l’accumulation du capital.
Dans les Manuscrits de 1844, Marx affirme qu’une haute conjoncture est favorable aux ouvriers, permettant d’avoir moins d’offre que de demande de force de travail. MAIS, la logique du système capitaliste produit vite le résultat inverse, car l’accumulation des capitaux fait tomber de nombreux producteurs indépendant dans la condition prolétarienne, accroissant alors l’offre de main d’œuvre. (1er Manuscrit).
Donc, dans Misère de la phi, Arbeitslohn, Travail salarié et Cap, et Manifeste Comm, pour EM, la tendance générale des salaires en régime capitaliste est de baisser et de tomber au minimum physiologique de subsistance. Donc, le prix naturel pour Marx, du travail (de la force de travail) c’est le salaire minimum conçu comme notion physiologique. Cf Manifeste p. 32.
Revision de cette vision : Dans les Grundrisse (57-58), ce qui distingue l’ouvrier de l’esclave, c’est qu’il peut élargir le cercle de ses jouissances en période de bonne conjoncture. Implicitement il admet que la valeur de la force de travail incut deux éléments : physiologique plutôt stable, et l’autre élément variable considéré comme nécessaire pour la reproduction de la force de travail, d’après les besoins croissants acquis par les ouvriers (Grundrisse, pp.197-8). Le capital a la tendance de pousser l’ouvrier à remplacer ses besoins naturels par des besoins historiquement créés (p.231).
L’accumulation du capital implique la création de nouvelles branches industrielles donc la création d’emplois nouveaux et de besoins nouveaux et la propagatio,n de ces besoins dans des milieux de plus en plus larges (Grundrisse, p.312). C’est ainsi quele capital a un double effet sur la valeur de la force de travail, en ce qu’elle inclut également de nouvelles marchandises devant satisfaire ces nouveaux besoins). C’est dans son exposé au Conseil Générale de l’Association générale des Travailleurs les 20 et 27 juin 1865 que Marx expose de manière complète sa théorie des salaires : « La valeur de la force de travail est composée de deux élements, dont l’un est purement physique et l’autre historique ou social. » (in Salaires, prix et profits, 1945, pp.23-24). Marx en déduit que si la limite minimum du salaire peut être définie il n’en est pas de même aussi aisémanet pour la limite maximum, qui est celle qui laisse subsister suffisamment de profit pour qu’il soit encore intéressant pour le capital d’embaucher.
De quoi dépend la détermination concrète du niveau des salaires ?
Des vicissitudes de la lutte des classes, forces respectives déterminées objectivement, notamment par la fluctuation de l’offre et de la demande de la main d’œuvre.
Dans le Capital : l’armée de réserve industrielle est régulatrice du niveau des salaires. (normalement autour de 611, mais pas trouvé, non plus dans la mew23, chercher dans chapitre Salaire).
10.Des Manuscrits de 1844 aux Grundrisse : d’une conception anthropologique à une conception historique de l’aliénation.
Comment résumer l’évolution des conceptions économiques de Marx de 1843-44, étude systématique de l’économie politique jusqu’au lendemain des Grundrisse (après 58) ? Premièrement, il a abordé l’économie en termes philosophiques suivant la critique matérialiste par Feuerbach de Hegel, mais aussi de Feuerbach par Hegel, lui permettant d’introduire une dimension historico-sociale absente chez Feuerbach. Ainsi, Les Manuscrits constituent la rencontre entre philosophie et économie politique. C’est avec les éléments de la philosophie du travail de Hegel que Marx effectuera cette confrontation (Voir Naville pour Hegel et la philosophie du travail, De l’aliénation à la jouissance).
Dès 1805-6, Hegel établit le rapport entre téléologie humaine et causalité naturelle que l’homme utilise dans son travail. Dans la Science de la logique, travail présetné comme forme originelle de la praxis humaine. Dans la Phénoménologie de l’Esprit, le travail est « le désir enrayé » (gehemmte Begierde, Phäno des Geistes, S.148). Il développe une véritable dialectique des besoins et du travail, en tant qu’aliénant et aliéné : aliénant car opère par extériorisation d’une capacité humaine, provoquant une perte, aliéné parce qu les besoins sont toujours en avance sur la production (§193 de La Philo du droit). Or, il ne faut pas croire que la nature anthropologique du travail aliéné réside dans le fait qu’il ne voyait pas les contradictions sociales produites par la société bourgeoise, comme le montre le passage anticipateur des tendances générales de l’accumulation capitaliste dans le Capital :
« …l’accumulation des richesses augmente d’un côté, de même qu’augmente de l’autre côté la singularisation (Vereinzelung) et la limitation (Beschränkung) du travail particulie, et donc la dépendance et la misère de la classe liée à ce travail. » (§243 Philo du droit)
Dans l’Esthétique, description de l’aliénation de toutes les classes sociales :
« Voici qu’apparaissent au sein de cete formation industrielle et de l’emploi réciproque des autres formations, ainsi que leur refoulement, en partie la plus dure férocité de la pauvreté, en partie, si la misère doit être éloigné, des individus qui doivent paraître riches, de façon à être libérés du travail pour leurs besoins et à pouvoir s’adonner à des intérêts plus élevés. Dans cette abondance, le reflet constant d’une dépendance sans fin a été éliminé et l’homme est d’autant plus éloigné de tous les hasards du gagne-pain, qu’il n’est plus intégré dans son milieu le plus proche, qui ne lui paraît plus comme son œuvre. Tout ce qui l’entoure n’est plus créé par lui, mais…produit par d’autres que lui. » (Band I, p.255-6).
La nature anthropologique de cette théorie repose sur le fait qu’il fasse reposer l’aliénation sur la nature de l’homme, et que d’autre part, il n’admet pas que la contradiciton qui résulte de l’opposition entre richesse et pauvreté pisse conduire à l’élimination de cette aliénation par une transormation des structures de la société.
Si Marx paraît utiliser les mêmes instruments pour son analyse que ceux de Feuerbach et Hegel, c’est pour arriver à des résultats différents : la rencontre de Marx avec l’Economie politique n’est pas une rencontre de la philosophie, comme l’affirme Althusser, une philosophie qui résoudrait la contradiciton entre paupérisation croissante et richesses croissantes, en la pensant au travers du concept de travaim aliéné (Pour Marx, p. 157-8). Mais plutôt avec Marcuse :
« La transition de Hegel à Marx est, à tout point de vue, une transition à un ordre différent de vérité, qui ne peut être interprété en termes de philosophie. » Marcuse considère que tous les concepts de la théorie marxistes sont des catégories sociales et économiques de Hegel, alors que toutes les catégories économiques et sociales de Hegel, sont toutes des concepts philosophiques. Des catégories de Marx, Marcuse dit « Ils expriment la négation de la philosophie, bien qu’ils le fassent encore en langage philosophique » (Marcuse, Reason and Revolution, p.258).
Effectivement, le point de départ de Marx dans sa critique du concept du travail aliéné n’est pas le concept lui-même, mais dans la constatation pratique de la misère ouvrière. De plus, sa conclusion est nullement philosophique : « Pour dépasser l’idée de la propriété privée, la pensée communiste suffit amplement. Pour dépasser la propriété privée réelle, il faut une véritable action communiste ». (Introduction à Zur Kritik)
Les Manuscrits consituent une œuvre de transition, avec ses contradictions. La considérer telle, ce n’est pas l’inscrire forcément dans une lecture analytico-téléologique, préparatrice à l’œuvre de maturité. Mais il n’est pas pour autant possible de la considérer sous l’angle de tranches idéologiquement cohérentes, sous prétexte de considérer « chaque idéologie comme un tout » (Althusser, Pour Marx, p.59)
Marx découvre l’aliénation dans le domaine religieux (annexe à sa thèse de doctorat), puis dans le domaine juridique en ce que l’intérêt privé aliène l’homme de la collectivité, il situe l’origine de l’aliénation générale dès la Critique du Droit d’Etat chez Hegel, dans la propriété privée. Puis dès la Contribution à la critique de la phi du droit de Hegel, que l’aliénation humaine est fondamentalement une aliénation du travail humain.
Le travail aliéné est le produit d’une forme particulière de la société, dans la société contemporaine, le travail aliéné c’est le travail qui n’est plus propriétaire des produits de son travail (Zur Kritik, p.98). Dans ce passage le travail aliéné est réduit à la division des société en classes, à l’opposition entre Capital et Travail, il est réduit à la propriété privée. Mais le manuscrit s’arrête à ce niveau de développement et bifurque alors pour situer dans la nature humaine, et la nature tout court même plutôt que dans une forme spécifique de la société humaine l’origine du travail aliéné (Zur Kritik, p.102-7).
Mais Naville remarque que justement, l’aliénation n’est pas que fondée en société, mais aussi en nature, et que c’est justement car elle a un caractère naturel qu’elle est une « discordance transitoire au sein de la nature elle-même, qu’elle peut être surmontée et que l’appropriation naturelle peut être retrouvée » (Naville, De l’aliénation à la jouissance, p.152).
Pourtant cette solution est toujours spéculative, pas fondée empiriquement. Dès l’IA, la source du travail aliéné est la division du travailet de la production marchande (déjà dans le 3ème Manuscrit, Zur Kritik 153-4, et IA, 29-32). Le caractère fétichiste des catégories économiques dans Le Capital est réduit au rapports marchands, cad, de propriété privée, isolant producteurs et propriétaires même avant l’avènement du capitalisme.
Partant donc d’une conception anthropologique (Manuscrits), il en arrive à une historique de l’aliénation (IA). Polémique est apparue sur le concept d’aliénation dès publication en 1932 des Manuscrits provoquée en premier lieu par des philosophes bourgeois révisionnistes, s’en distinguent trois positions aujourd’hui :
1)contestation de la différence entre Manuscrits et Capital, toutes les thèses sont déjà à y trouver (Fromm, Rubel,Bigo, Calvez, Bartoli)
2)contre le Marx du Capital, trouvent que dans les Manuscrits, le travail aliéné est, dans les Manuscrits plus intégralement proposée, lui donnant une dimension éthique, anthropologique ou même philosophique. (Landshut et Mayer, Intro aux Manuscrits en All. )
3)que les analyses du travail aliéné des Manuscrits sont soit en contradiction avec celles du Capital, mais qu’en plus étaient un obstacle pour Marx afin d’accepter la théorie de la valeur-travail. Les extrémistes (Althusser) diront que l’aliénation est même un concept « prémarxiste » que ce dernier a dû dépasser avant d’arriver à une analyse scientifique de l’économie capitaliste. (Jahn, années 40 et 50, point de vue des PC, Cornu, Bottigelli, Buhr)
Hyppolite : réduction de la théorie de Marx à une indignation morale, mais il y a bien une autonomie de l’analyse économique.
Mandel voit dans de nombreux passages des Grundrisse une théorie marxiste de l’aliénation en continuité avec l’IA et dépassant les contradictions des Manuscrits.
Dans la société primitive, l’impuissance des hommes devant les forces de la nature est source d’aliénation sociale, idéologique et religieuse. Dès l’apparition d’un surplus économique sont créées les conditions matérielles de l’échange, de la division du travail et de la production marchande. L’individu devient alors aliéné du produit de son travail. Cette aliénation est économique, elle s’ajoute aux autres constatées à l’état primitif. L’aliénation économique produit l’aliénation politique, avec l’apparition de l’Etat et des phénomènes de violence et d’oppression. Cette aliénation multiple atteint dans le système de production capitaliste un point culminant : « La transformation de tous les objets en marchandises, leur quantification en valeurs d’échange fétichistes (devient)… un processus intense qui agit sur chaque forme objective de la vie » (Lukacs, Geschichte und Klassenbewusstsein, p.187). Nouvelle dimension de l’aliénation économique gagnée dans l’aliénation technique : l’ouvrier n’est pas seulement aliéné par ses instruments de travail, mais il s’opposent à lui comme force hostile étrangère (poupées qui parlent).
Helmut Fleischer : le concept d’aliénation doit plutôt qu’être uniqueent conçu comme être des rapports nés d’unités préléablement intégrées, comme une sorte de perte, il faut plutôt le considérer dans un sens prospectif, comme ce qui signale qu’on reste en retard par rapport à ce qui est déjà possible (Umrisse einer Philosophie des Menschen, 1967). Mais il faut limiter cette juxtaposition entre anticipation et projection, en ce qu’il y a une composante de conditions historiques.
11.Désaliénation progressive par la construction de la société socialiste, ou bien aliénation inévitable dans la société « industrielle » ?
La théorie marxiste de l’aliénation a connu une mystification à la source double : d’un côté, les idéologues de la bourgeoisie ont tenté d’exhiber les traits les plus repoussants du capitalisme afin de représenter celui-ci comme un drame universel. L’aliénation devient une conception anthropoloigique pleine de résignation et de désespoir. L’autre source se trouve du côté des idéologues staliniens qui ont cherché à démontrer que l’aliénation n’existe plus dans l’Union Soviétique. Les idéologues bourgeois ont pu utiliser cette rhétorique contre les idéologues staliniens en démontrant que l’aliénation existe bien en Union Soviétique, et qu’a fortiori elle appartient à la la société industrielle.
Pour Manfred Buhr, le fait que l’aliénation soit un phénomène historiquement limité implique que sa validité se limite à l’époque capitaliste, or cela est faux. L’aliénation subsiste dans la mesure où subsistent la production marchande, l’échange de la force de travail contre un salaire strictement limité et calculé, l’obligation économique de cet échange, la division du travail.
Pour Marx, le phénomène d’aliénation, affirme Ernest Mandel, est antérieur au capitalisme, il est lié au développement insuffisant des forces productives, à l’économie marchande, à l’aconomie monétaire et la division sociale du travail. Toute division du travail qui condamne l’homme à n’exercer qu’une seule profession est aliénante.
Dans Critique de la Vie Quotidienne, Henri Lefebvre entrevoit un continuel balancement entre aliénation, désaliénation et aliénation nouvelle. Il affirme donc qui’l faut complètement particulariser, historiser et relativiser le concept d’aliénation (II, p. 209). Or, cette tentative de ralativisation du concept supprime la possibilité de sa négation intégrale et en ce sens l’absolutise. Cette historisation est donc un échec, car elle transforme en fait l’aliénation en un phénomène immanent à la société humaine (même s’il a différentes formes).
Les prémisses du raisonnement de Marx : dépérissement de la production marchande, de l’économie monétaire, de la division du travail dans un cadre mondial, et sur la base d’un développement très élevé des forces productives.
Source générale de la survie du phénomène d’aliénation dans la première phase du socialisme : degré de développement insuffisant des forces productives et la survie des normes de distribution bourgeoises qui en découlent (formulé par Marx dans Kritik des Gothaer Programms, p.16-7, pas trouvé la formule exact, juste en rapport au droit, p.6).
Marx est parti de la volonté d’une critique de l’ensemble de la société bourgeoise prise dans sa totalité, ce qui l’amena à formuler quelques lois générales pour toutes les sociétés humaines. Une de ces lois c’est le fait que les rapports de production constituent en quelque sorte « le système anatomique » de la socéiété (Mandel, p.206). Ce que Marx considérait comme l’œuvre majeure de sa vie c’est de donner un fondement scientifique à l’aspiration et à la lutte socialistes du prolétariat (Mandel, p.207).