Les régimes d’oppression et d’exploitation qui se réclamaient du marxisme pour légitimer leur politique ont pour la plupart disparu 1, mais ils ont laissé dans leur sillage une confusion dans les idées critiques que l’absence de référence directe n’a souvent fait qu’aggraver. Cette confusion touche tout à la fois à la méthode d’exploration du réel (le « mensonge déconcertant » dont parlait Anton Ciliga 2 ayant la vie dure et faisant des rejetons étonnants dans le monde moderne) et à ce que nous pourrions appeler la « mise en perspective » : la capacité à se situer et à se reconnaître dans un processus de transformation sociale à vocation révolutionnaire — bref un authentique projet d’auto-émancipation des exploités, et partant, de l’humanité elle-même.
Archives de catégorie : Histoire du marxisme
Les premiers éditeurs de Marx et Engels en France (1880-1901), Jacqueline Cahen, 2011
Article paru dans les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 114 | 2011, 20-37.
Qui sont les premiers éditeurs des traductions françaises de Marx et Engels ? Quels sont ces hommes qui, dans le dernier tiers du xixe siècle, vont ainsi permettre que commencent à circuler leurs œuvres et que se répandent leurs idées à travers ce média spécifique qu’est le livre ? La question pourrait sembler, à première vue, presque anecdotique tant il est vrai que – l’édition du Capital par Maurice Lachâtre en 1875 faisant figure d’exception – aucun ouvrage des deux fondateurs de la doctrine n’est publié avant 1880, et que l’on n’en compte que six (dont deux sont des popularisations du Capital) entre 1880 et 1894. Mais la situation change alors brusquement, avec l’entrée en lice d’éditeurs universitaires. De sorte que l’on assiste en revanche, au tournant du siècle, à une véritable floraison de titres.
« Le Capital » aujourd’hui (Mattick, 1967)
Début d’un article de Paul Mattick paru dans Économies et Sociétés, Série S, Études de Marxologie, N° 11 (Institut de science économique appliquée, juin 1967, pages 49 à 67).
En écrivant Le Capital, Marx se proposait « de dévoiler la loi économique du mouvement de la société moderne » (1). Le centenaire du Capital offre une excellente occasion de juger la validité ou la non-validité de la loi hypothétique formulée par Marx quant à l’origine l’existence, l’épanouissement et la mort du système capitaliste. Aujourd’hui comme autrefois, sa justesse est encore controversée.
Richard Westra, Jan Hoff Marx Worldwide: On the Development of the International Discourse on Marx since 1965
Récension publiée sur Marx & Philosophy Review Books
Jan Hoff’s Marx Worldwide provides a masterful examination of development trends in Marx studies from the 1960s to present. There is no other book I am aware of which covers its ground in terms of breadth and overcoming of language barriers; the latter in particular has acted as a huge impediment to circulation of innovative thinking in Marxism – sometimes blocking its spread for decades allowing theorizations to be inadvertently heralded as original in one linguistic region when, in fact, their problematic had initially been explored much earlier in another.