Un ensemble d’articles essentiels de Maximilien Rubel, à lire ici: Pdf à lire ici.
Archives de catégorie : Histoire du marxisme
Dick Howard, Marx. Aux origines de la pensée critique, Le bien commun, 2001.
Dick Howard est un professeur retraité, il est édité en France notamment dans la revue « Esprit » au sujet des USA, sur Habermas (2015), André Gorz (2014), dans la revue « Projet », dans la revue du MAUSS, et Critique. Il est notamment connu pour son livre Aux origines de la pensée politique américaine (Hachette Pluriel 2008). Il a étudié avec Paul Ricoeur à Paris, a travaillé avec Claude Lefort, Castoriadis et Habermas. On peut notamment lire cet article de lui : Lectures de Marx par la Nouvelle gauche en 1968.
L’ouvrage propose un retour au « Marx philosophe », sa critique de l’économie politique aurait en effet été la brèche dans laquelle a pu se glisser le totalitarisme. Cette idée est un lieu commun bien erroné, qui sous-tend en général les entreprises théoriques ayant pour ambition de retrouver la philosophie de Marx, autrement dit, de le vider de son contenu politique révolutionnaire. L’auteur reconnaît dans l’introduction sa dette à l’égard de Castoriadis et Lefort, présence que nous retrouvons dans un discours constant sur « le » politique, assez peu voire pas du tout défini, et surtout dans le chapitre conclusif : « Critique, utopie et politique démocratique ».
Relire Le Capital, PUF, 2009, Ouvrage coordonné par Franck Fischbach
Cet ouvrage, publié en 2009 aux PUF rassemble différents articles sur Marx, et non sur le Capital comme le suggère le titre. Franck Fischbach annonce dans la présentation générale qu’il ne s’agit pas de se limiter à une exégèse de Marx et de constater que tel ou tel auteur aurait fait des « contre-sens » sur Marx 1. Il ne s’agit donc pas de critiquer le ou les marxismes « au motif qu’une telle critique serait le préalable nécessaire à l’ouverture d’un accès au texte même de Marx, comme si ce texte reposait quelque part tel un trésor inaccessible à ceux qui commenceraient par le débarasser de toutes les scories accumulées par le temps » 2. En effet, les contre-sens dans l’histoire du marxisme, comme celui de Lukacs avec la théorie de la réification, ont été productifs.
Pourtant, les articles qui composent l’ouvrage vont faire ce détour par les lectures dans le marxisme du texte de Marx, ce qui est une démarche assez naturelle en fait, de même que de les interroger. Par ailleurs, les articles qui composent cet ouvrage vont, pour la plupart, bien proposer des lectures qui comportent des contre-sens, serait-on alors en droit de les interroger dans leur rapport au texte après cette présentation ?
Maurice Dommanget, L’Introduction du marxisme en France, 1969
En 1969, il existe encore assez peu de contributions francophones sur ce sujet: la manière dont effectivement Marx a été lu et a été présent dans le mouvement ouvrier en France. Et aujourd’hui encore. Une des premières contributions sur la pénétration du marxisme en France date de 1947, elle est d’Alexandre Zévaès. On trouve aussi quelques indications dans l’Histoire du socialisme européen d’Elie Halévy (quelques chapitres) en 1948, et dans la Tragédie du marxisme de Michel Collinet (quelques passages), aussi de 1948 ou encore dans Karl Marx et la Commune de Jean Bruhat, (in Cahiers du Bolchevisme, 1933) et enfin Karl Marx et le mouvement ouvrier français après la Commune d’André Ferrat, (in Cahiers du Bolchevisme, 1933). Par la suite, les différentes évolutions qu’ont pu connaître le marxisme ne s’interrrogent plus spécifiquement sur la manière dont Marx a effectivement imprégné ou non les milieux ouvriers. Cette étude de Maurice Dommanget, aussi courte soit-elle, nous permet de dresser un triste constat: Marx allait rester longtemps inconnu en France dans les milieux ouvriers.
Ouvrages sur le contexte historique des œuvres de Marx et d’Engels
Divers ouvrages peuvent se révéler pratiques pour resituer Marx et Engels dans le contexte historique et politique de leur époque. Il ne s’agit pas de réduire ce qu’ils ont écrit, comme cela est parfois fait, à une intervention complètement déterminée par leur contexte historique, mais bien de donner des clés de compréhension historiques, autant de leur production, que de cette époque décisive qu’a pu être la naissance du monde moderne capitaliste.
Sur la traduction en français du Capital
La traduction en France du Capital a connu une histoire assez singulière. Marx lui-même a relu cette traduction, disposant de connaissances suffisantes en français, il a pu rectifier les contresens les plus manifestes que Joseph Roy avait fait. Pourtant, tout aussi bon connaisseur du français qu’il ait pu être, la traduction est une discipline littéraire qui entre temps s’est affinée, et améliorée, si bien qu’il a été rapidement évident que, d’un point de vue traductologique, cette traduction souffrait de profondes insuffisances. Elle est cependant encore largement utilisée et répandue comme édition de référence. De nombreux auteurs l’ont pris comme référence, comme Guy Debord, les invitant à des lectures de Marx s’éloignant considérablement de l’intention initiale, qu’il est possible de voir résumée dans le sous-titre: critique de l’économie politique.
Carlo Cafiero: Abrégé du Capital de Marx, 1878
En 1871, étant retourné en Italie, Carlo Cafiero devient membre de la Section internationale de Naples et est chargé de la correspondance avec le Conseil général de Londres, et commence un échange régulier de lettres avec Friedrich Engels, alors secrétaire du Conseil général pour l’Italie et l’Espagne. Il prend le parti de Bakounine dans les conflits internes de l’AIT. Suite à l’organisation d’un mouvement insurrectionnel en Italie en 1877, il est envoyé en prison avec ses camarades. C’est là, pendant l’hiver 1877-1878, qu’il entreprend la rédaction d’une version abrégée du Capital pour ses camarades en Italie, alors que personne ne l’a encore lu, le texte n’étant pas traduit en italien.
Relire Engels. Retour sur la recension engelsienne de la Contribution à la critique de l’économique politique de Marx, par Michael Heinrich
Relire Engels. Retour sur la recension engelsienne
de la Contribution à la critique de l’économique politique de Marx
Michael Heinrich
Traduction parue sur le site de Contretemps avec pour titre « Comment faire la critique de l’économie politique ? Relire Engels (et Marx) »
Friedrich Engels est né le 28 novembre 1820 à Barmen (actuellement Wuppertal). Ami et collaborateur indéfectible de Karl Marx, inlassable militant révolutionnaire, il a très longtemps été considéré à l’égal de Marx comme l’un des fondateurs du marxisme. Pourtant, au XXe siècle, dans le marxisme hétérodoxe occidental, Engels a régulièrement été critiqué: il serait en effet à l’origine de la déviation scientiste et dogmatique du marxisme, et de ce fait responsable de tout ce qu’il y aurait à rejeter dans le marxisme.
Lexique Marx – I, de Louis Janover et Maximilen Rubel – Avant propos des éditeurs
Les régimes d’oppression et d’exploitation qui se réclamaient du marxisme pour légitimer leur politique ont pour la plupart disparu 1, mais ils ont laissé dans leur sillage une confusion dans les idées critiques que l’absence de référence directe n’a souvent fait qu’aggraver. Cette confusion touche tout à la fois à la méthode d’exploration du réel (le « mensonge déconcertant » dont parlait Anton Ciliga 2 ayant la vie dure et faisant des rejetons étonnants dans le monde moderne) et à ce que nous pourrions appeler la « mise en perspective » : la capacité à se situer et à se reconnaître dans un processus de transformation sociale à vocation révolutionnaire — bref un authentique projet d’auto-émancipation des exploités, et partant, de l’humanité elle-même.
Les premiers éditeurs de Marx et Engels en France (1880-1901), Jacqueline Cahen, 2011
Article paru dans les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 114 | 2011, 20-37.
Qui sont les premiers éditeurs des traductions françaises de Marx et Engels ? Quels sont ces hommes qui, dans le dernier tiers du xixe siècle, vont ainsi permettre que commencent à circuler leurs œuvres et que se répandent leurs idées à travers ce média spécifique qu’est le livre ? La question pourrait sembler, à première vue, presque anecdotique tant il est vrai que – l’édition du Capital par Maurice Lachâtre en 1875 faisant figure d’exception – aucun ouvrage des deux fondateurs de la doctrine n’est publié avant 1880, et que l’on n’en compte que six (dont deux sont des popularisations du Capital) entre 1880 et 1894. Mais la situation change alors brusquement, avec l’entrée en lice d’éditeurs universitaires. De sorte que l’on assiste en revanche, au tournant du siècle, à une véritable floraison de titres.
« Le Capital » aujourd’hui (Mattick, 1967)
Début d’un article de Paul Mattick paru dans Économies et Sociétés, Série S, Études de Marxologie, N° 11 (Institut de science économique appliquée, juin 1967, pages 49 à 67).
En écrivant Le Capital, Marx se proposait « de dévoiler la loi économique du mouvement de la société moderne » (1). Le centenaire du Capital offre une excellente occasion de juger la validité ou la non-validité de la loi hypothétique formulée par Marx quant à l’origine l’existence, l’épanouissement et la mort du système capitaliste. Aujourd’hui comme autrefois, sa justesse est encore controversée.
Richard Westra, Jan Hoff Marx Worldwide: On the Development of the International Discourse on Marx since 1965
Récension publiée sur Marx & Philosophy Review Books
Jan Hoff’s Marx Worldwide provides a masterful examination of development trends in Marx studies from the 1960s to present. There is no other book I am aware of which covers its ground in terms of breadth and overcoming of language barriers; the latter in particular has acted as a huge impediment to circulation of innovative thinking in Marxism – sometimes blocking its spread for decades allowing theorizations to be inadvertently heralded as original in one linguistic region when, in fact, their problematic had initially been explored much earlier in another.