Le rêve du révolutionnaire professionnel bolchévisé (Mattick, 1925)

Le rêve du révolutionnaire professionnel bolchévisé (Mattick, 1925)

Un des premiers textes de Paul Mattick, une nouvelle parue dans Die Aktion du 28 août 1925. Traduction inédite en français par I. J. pour la Bataille socialiste.

« Johann Bremser avait 35 ans. Il nourrissait sa propriété privée ayant le droit de vote, et qui s’appelait Mathilde, et ses deux enfants. Mathilde était maigre et sombre comme les figures des petits révolutionnaires de bois que l’on voyait au café. Les enfants remplissaient leur attendrissant devoir de révolutionner de l’intérieur la plus grande école pour filles en construisant des cellules. Leur poitrine était ornée de l’ordinaire étoile artistique soviétique gravée : « Nous nous laissons bolchéviser ! ». Johann Bremser était fait du bois que Ruth Fischer coupe pour trouver le juste milieu entre l’ultragauche et l’ultradroite. Intelligent sans être un intellectuel, il avait tous les atouts permettant de résoudre le problème « Masse et dirigeant »… »

Lire la suite ici

La Classe ouvrière sous le Troisième Reich par Tim Mason

La Classe ouvrière sous le Troisième Reich

Texte de l’historien anglais Tim Mason (1940-1990) publié en brochure par Echanges et Mouvement en mai 2005.

Publié en anglais dans Past and Present n° 33, avril 1966, pp 112 -141. Traduction Gaël Cheptou.

Un des travaux les plus essentiels et importants sur cette séquence historique.

 

« Les mois qui suivirent la destruction physique des syndicats, le 2 mai 1933, furent marqués par le chaos et la confusion dans la vie économique et sociale en Allemagne ainsi que par la plus grande incertitude, dans l’esprit de tous les groupes dominants (industriels, fonctionnaires comme dirigeants du Parti), sur la forme du nouvel ordre social. Peu à peu, en conséquence de la terreur et d’âpres batailles dans les groupes dominants, les orientations du développement devinrent plus strictes : les théoriciens verbeux de « l’ordre social corporatiste » furent éliminés par les praticiens de la suprématie du Parti (2) ; l’aspiration profonde de la base du parti d’en finir avec la grande industrie apparut totalement incompatible avec la tâche plus urgente d’en finir avec les conséquences du Traité de Versailles (3). Deux nouvelles institutions et une ancienne apparurent dans un équilibre malaisé alimenté par des suspicions mutuelles pour préserver, exhorter et exploiter le corps mutilé de la classe ouvrière allemande. »

Lire la suite

De chaque côté du Rhin, naissance et mort d’éphémères « républiques socialistes »

Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, co-fondateurs de la Ligue spartakiste, assassinés à Berlin le 15 janvier 1919, à la fin d'une « semaine sanglante » qui allait devenir l'un des stigmates de la République de Weimar

De chaque côté du Rhin, naissance et mort d’éphémères « républiques socialistes »

Emission radio sur La Marche de l’histoire (France culture).

De Kiel à Berlin, du mouvement spartakiste à la République des Conseils de Bavière en passant, outre-Rhin, par la République d’Alsace-Lorraine, 1919 marque aussi la naissance d’éphémères républiques ouvrières, qui empruntent au modèle de la révolution soviétique et seront réprimées dans le sang.

Ecouter l’émission

 

Une sélection bibliographique sur la Révolution allemande (La Sorbonne)

La révolution allemande de 1918 – 1919. Une bibliographie.

Le 15 janvier 1919 Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht étaient assassinés à Berlin marquant la fin du processus révolutionnaire engagé en Allemagne en octobre 1918. C’est l’occasion, à un siècle de distance, de se replonger dans l’évènement à partir d’une sélection d’ouvrages présents dans les fonds de la BIS.

Richard Müller, Le Sisyphe de la révolution allemande

Le Sisyphe de la révolution allemande

Un article de Jean-Jacques Marie sur le livre « Richard Müller, l’homme de la révolution de novembre 1918 », paru aux éditions Les Nuits Rouges en 2018.

Le 1er mai 1916, le révolutionnaire allemand Karl Liebknecht, en uniforme, distribue des tracts au centre de Berlin et harangue les manifestants qu’il avait appelés à se rassembler contre la guerre. Il est arrêté et sera à la fin du mois d’août condamné à quatre ans et un mois de prison. Les  27 et 28 juin 1916, pour protester contre son arrestation, des grèves massives éclatent dans plusieurs centres industriels de l’Allemagne. Leurs organisateurs sont un groupe de moins d’une centaine d’ouvriers qui se donnent le nom de Revolutionären Obleute ( « délégués révolutionnaires »).

Lire la suite sur le blog En attendant Nadeau

 

Norbert Trenkle, Qu’est-ce que la valeur, qu’en est-il de la crise?

Norbert Trenkle, Qu’est-ce que la valeur, qu’en est-il de la crise?

Texte critiqué par Michael Heinrich dans « L’effondrement du capitalisme. Krisis et la crise ».

Retranscription retravaillée d’un exposé tenu à l’université de Vienne (Autriche) le 24 juin 1998

Le tour d’horizon que je voudrais faire aujourd’hui est très large. Il part du niveau le plus fondamental de la théorie de la valeur, ou plus exactement de la critique de la valeur, c.a.d. au niveau des catégories de base de la société de production de marchandises : travail, valeur, marchandise et argent. Nous parlerons ensuite du niveau auquel appartiennent ces catégories, apparaissant comme des faits et des contraintes objectifs, réifiés et fétichistes, prétendument « naturels ». À ce niveau, celui du prix, du profit, du salaire, de la circulation etc., les contradictions internes et le côté historiquement insoutenable de la société marchande moderne se manifestent ouvertement sous forme de crise. Il est clair qu’ici, dans un temps limité, je ne peux pas livrer plus qu’une esquisse, mais j’espère quand même arriver à rendre compréhensibles les corrélations les plus importantes.

Lire la suite ici.

Interview with Michael Heinrich Carried out by Darren Roso, Berlin 2018.

What are the theoretical reasons for a biography? For you, Biography plays a fundamental part in understanding Marx’s theoretical work. Throughout the twentieth century, it seems that a debate over Marxist theory was equally a debate over Marx’s biography and intellectual development as such. How has this translated into your account?

I have several reasons for doing so. The first reason comes from my prior theoretical work. When I wrote The Science of Value (1991), which will finally appear in English soon, I didn’t simply present Marx’s critique of political economy. I interrogated Marx’s intellectual development. What was it about Marx’s intellectual development that led to the critique of political economy? This taking into account of Marx’s development was always present in my work. And in this I had to answer to – up to a certain point – Marx’s biography. For example, I had to use Marx’s letters for theoretical questions. But a letter is something quite different compared to a published text. With a letter you always have to ask to whom is this letter written? How free was Marx to tell the truth about his opinions? Did he merely seek to convince a publisher about a project or was he speaking to a comrade? You already need biographical context to answer these questions about the letters. The biographical context was therefore always present in my work, but I didn’t fully realise that at the time.

Lire la suite sur le site de Historical Materialism

[DE] Michael Heinrich, Abstrakte Arbeit

Abstrakte Arbeit

Michael Heinrich

in: W.F.Haug (Hrsg.), Historisch-kritisches Wörterbuch des Marxismus, Bd. 1, Hamburg 1994

Aus: http://www.oekonomiekritik.de/203AbstrakteArbeit.htm

Marx benutzt den Begriff aA beiläufig in den Ms 44 (MEGA I.2, 208) zur Charakterisierung entfremdeter, vereinseitigter Arbeit, womit er an Hegels Verwendung von aA in Zusammenhang mit der Teilung der Arbeit anknüpft (Rechtsphil. § 198, Enzykl. §§ 525,526). In einer neuen Bedeutung wird aA 1859 in Zur Kritik zu einem zentralen Begriff. Marx unterscheidet hier erstmals die Gebrauchswert hervorbringende von der Tauschwert schaffenden Arbeit. Weil letztere « gleichgültig gegen den besondern Stoff der Gebrauchswerthe » ist, ist sie auch « gleichgültig gegen die besondere Form der Arbeit » und wird von Marx deshalb als « abstrakt allgemeine Arbeit » bezeichnet (MEGA II.2, 109). In Zur Kritik wird aA noch weitgehend mit « einfacher » Arbeit identifiziert: « Diese Abstraktion der allgemein menschlichen Arbeit existirt in der Durchschnittsarbeit, die jedes Durchschnitts-Individuum einer gegebnen Gesellschaft verrichten kann… Es ist einfache Arbeit, wozu jedes Durchschnitts-Individuum abgerichtet werden kann… Die einfache Arbeit bildet die bei weitem größte Masse aller Arbeit der bürgerlichen Gesellschaft… » (MEGA II.2, 110) Marx knüpft damit an die Argumentation aus dem Elend der Philosophie an, daß einfache Arbeit Wertmaß sei und daß dies ein von der modernen Industrie hervorgebrachtes Resultat sei (MEW 4, 85). Allerdings hatte Marx dort noch nicht zwischen abstrakter und konkreter Arbeit unterschieden. Mit der Identifizierung von aA und einfacher Arbeit werden jetzt zwei ganz verschiedene Prozesse gleichgesetzt: der im mechanisierten Produktionsprozeß stattfindende Verlust von qualifizierter Arbeit, also einer historischen Veränderung auf der Seite der konkreten Arbeit und die im Austausch stattfindende Abstraktion von den tatsächlich vorhandenen unterschiedlichen Qualitäten der verschiedenen konkreten Arbeiten. In der 1. Aufl. des Kapital stellt Marx dann zwar heraus, daß der Doppelcharakter der Arbeit der « Springpunkt » sei, « um den sich das Verständniß der politischen Oekonomie dreht » (MEGA II.5, 22). Aber erst in der 2. Aufl. wird aA von einfacher Arbeit streng unterschieden. Erst jetzt verwendet Marx den Begriff aA bereits zu Beginn des ersten Kapitels. So heißt es z. B. nicht mehr, ein Gebrauchswert hat Wert, « weil Arbeit in ihm vergegenständlicht » (MEGA II.5, 20), sondern « weil abstrakt menschliche Arbeit in ihm vergegenständlicht » ist (MEGA II.6, 72).

Continuer la lecture

Chris Harman, Le taux de profit et le monde d’aujourd ‘hui

Le taux de profit et le monde d’aujourd ‘hui
Chris Harman

Texte original: International Socialism 115, été 2007.
« La « tendance à la baisse du taux de profit » est un des éléments les plus controversés du legs intellectuel de Karl Marx. Il la considérait comme une de ses contributions les plus importantes à l’analyse du système capitaliste, l’appelant, dans ses premiers cahiers pour le Capital (maintenant publiés sous le nom de Grundrisse), « de tous points la loi la plus importante de l’économie politique moderne ». Mais elle a été soumise à la critique dès la publication du volume trois du Capital en 1894. »

Paul Boccara, La théorie de la portée révolutionnaire du progrès technique et la lutte pour la démocratie nouvelle.

La théorie de la portée révolutionnaire du progrès technique et la lutte pour la démocratie nouvelle.

Ce texte de Paul Boccara traite des différentes théories de la crise et de la question de la baisse tendancielle du taux de profit. Nous le publions comme document à discuter, nous ne partageons pas ses prises de positions, ni certaines de ces analyses.

Lien vers le pdf.

[ENG] Michael Heinrich, Crisis Theory, the Law of the Tendency of the Profit Rate to Fall, and Marx’s Studies in the 1870s

Article de Michael Heinrich paru dans la Monthly Review en avril 2013. Cet article sera notamment l’objet de la critique de Sam Williams.

 

Michael Heinrich, Crisis Theory, the Law of the Tendency of the Profit Rate to Fall, and Marx’s Studies in the 1870s

 

The development of crisis theory within the Marxian tradition has been central to much of our work in the last several years. The view that the various fragmentary references to crisis theory in the three volumes of Capital constitute a fully developed coherent structure, which only requires diligent exegesis, is a view that has never seemed sensible to us.

Recent research into the evolution of Marx’s manuscripts in connection with the production of the Marx-Engels-Gesamtausgabe (MEGA), the historical-critical edition of the complete writings of Karl Marx and Friedrich Engels, has confirmed our understanding in a very exciting way. It is now clear that Marx never ceased to develop his thinking on the phenomena of crises in capitalism, and never ceased to discard earlier formulations; for example, at the end of his life he was focused on questions of credit and crisis. Monthly Review rarely presents its readers with discussions of economic theory at a relatively high degree of abstraction; this, however, is such an occasion. We trust that the author’s exemplary clarity will permit ready access to readers with any degree of interest in Marx’s theory; for those who wish to become familiar with the conceptual outline of Marx’s work, we cannot do better than to recommend the author’s An Introduction to the Three Volumes of Karl Marx’s Capital (Monthly Review Press, 2012).

Read more…